Ce film, disons-le tout de suite, est une réussite sur le plan technique. Il soutient sans aucun doute la comparaison avec des productions américaines à gros moyens - financiers, techniques, humains - et c'est ce qui lui vaut déjà cinq étoiles d'emblée. Chapeau bas à nos techniciens, réalisateurs, directeurs de la photographie, décorateurs, accessoiristes, spécialistes des effets spéciaux, ingénieurs du son et j'en passe, que les oubliés m'excusent, leur travail a été hautement apprécié.
Alors qu'en est-il du reste ? Eh bien le bât blesse du côté des acteurs. François Civil, l'acteur principal s'en tire très honorablement pour un "jeune premier". Mathieu Kassovitz est très bon aussi dans ses bottes d'officier supérieur, c'est maintenant un "vieux routier" du cinéma qui connait son métier. Réda Kateb est assez bon, jeu sobre et diction acceptable. Omar Sy est quant à lui pareil à lui-même: pas crédible. Jeu mou, postures désinvoltes, mines parfois à deux doigts du rire contenu et diction déplorable, on ne comprend pas la moitié de ce qu'il nous débite toujours à la limite du ton qu'on emploie pour sortir une vanne. Les autres rôles secondaires sont en général d'assez bonne tenue, mention spéciale en passant à Jean-Yves Berteloot dont le jeu et la diction sont absolument remarquables.
Le scénario: pas mal du tout, excepté qu'on imagine mal qu'il n'existe nulle contre-procédure au lancement d'un missile atomique, au point que deux sous-marins français aient à se couler l'un l'autre pour éviter le déclenchement de la Troisième Guerre Mondiale, mais acceptons toutefois l'argument, sinon il n'y aurait pas d'aventure, n'est-ce pas ? Cela dit, le film tire trop court avec une approche trop "sciences sociales" qui empêche le tout d'atteindre le "trépidant", le paroxystique d'un "A la poursuite d'Octobre Rouge". Pourquoi ? Tout simplement parce-que si des cas de consciences se posent et Ô! combien dans ce genre de situation, il ne faut pas confondre "expression du dilemme" et "psychodrame" tel que le personne principal, perdant par-là même instantanément son rôle de "héros de l'histoire", déserte son poste en pleine action pour aller se coucher, en larmes.
La B.O: pas terrible. Il faut d'ailleurs arrêter, D'URGENCE, ces musiques pseudo-grandiloquentes à base de violoncelle, toutes en notes liées. Sur le plan émotionnel ça ne vaut rien. Ça fait "sauce mousseline" qu'on étale sur tout un film, lissant tout, écrasant tout sans jamais le moindre relief. Non, les "envolées" au violoncelle, c'est bon pour des messages institutionnels, des pubs pour grandes entreprises nationales à privatiser. Pour un film d'aventure, il faut du piqué, des cuivres et ne pas hésiter à prendre exemple sur d'excellents compositeurs comme Ennio Morricone, John Williams, Jerry Goldsmith, Allan Sylvestri etc.
En conclusion: il y avait (presque) tous les éléments réunis ici pour faire un "blockbuster" de classe hollywoodienne mais on a préféré, comme toujours, jouer au final la modestie du psychodrame, de la "petite échelle humaine". On commence comme un film d'aventure et on termine comme un film moralisateur, le sens contraire aurait mieux valu car il vaut mieux commencer un repas par un hors-d’œuvre médiocre et terminer en apothéose sur un excellent dessert, que l'inverse. Tout le monde ne sait-il donc pas cela ?