S'il reprend les ingrédients de son prédécesseur il ne poursuit malheureusement pas l'exploration de symboliques (d)étonnantes dans ce genre d'univers. En effet il est dès les premières minutes bien plus consensuel. Il possède un maximum de rôles féminins, des personnages d'origine subsaharienne semble t-il et une histoire qui parle une nouvelle fois d'amour mais cette fois de manière toute incohérente, puisque ce n'est pas l'alliance du Chasseur et de sa bien aimée qui vainc la méchante reine mais le Chasseur et … une autre reine.
Fausse mixité, vraie discrimination
Que le distribution fasse preuve de plus de mixité peut évidemment être une bonne idée. Mais ici c'est simplement pour être dans les canons de la mode contemporaine. Et encore, pas vraiment, car le personnage africain du nom de Tull (déjà il a un nom ridicule) n'a pas de rôle important et apparait quatre fois à l'écran. Ce qui choque surtout c'est que si on prend cette direction il ne faut pas faire semblant et aller plus loin, montrer une volonté réelle et ajouter des océaniens et surtout des asiatiques, ce qui serait plus logique, eu égard à la civilisation indo-européenne dont on connait les liens grâce entre autres à Dumézil. Car si le film joue l'air du pseudo-réalisme, il le joue avec une flûte à bec.
Ce même casting fait la part belles aux femmes, mais la moitié ne sert pas à grand chose, Jesssica Chastain en tête, vaine dans son rôle amazone féru de ninjustsu (sic), dont la seul prouesse est de sauver puis de casser la figure à l'amour de sa vie. Sans oublier son prénom, Sara, à consonance hébraïque dans un monde aux pourtours visiblement nordiques … Soit. Les féministes apprécieront certainement l'inutilité latente du personnage. Au passage il y aussi incohérence avec ce que Le Chasseur disait de sa défunte femme dans le premier volet …
Ne parlons même pas des nains, qui, s'ils sont amusants de temps à autre, ne sont là que pour cela. Eux, bénéficient d'une parité hommes-femmes assez étrange. En revanche ils sont tous caucasiens. La mixité ne concerne apparemment que les humains, pas les hobbits … enfin les nains, quoi.
Incohérence, accent niais et publicité cachée
A propos de Chris Hemsworth, il se voit affubler d'un prénom, cette fois-ci, Eric, qui lui au moins est raccord avec l'univers. En gros il joue Thor, donc il fait son boulot correctement. Jamais génial, il possède néanmoins une capacité à attirer la sympathie du spectateur. Par contre il faut arrêter l'accent irlando-écossais pour faire comme si, une nouvelle fois, ce spectacle aurait la prétention d'insuffler du réalisme dans le conte.
Et puis, et puis … il y a cette scène, au troisième tiers du film, où Charlize Theron nous refait sa pub Dior qu'on nous martelait pendant des semaines dans les salles de cinéma il y a quelques temps. Désarmant. Heureusement Emily Blunt sauve un peu l'entreprise. La production aurait pu d'ailleurs inverser son rôle et celui de Jessica Chastain. Tout comme elle aurait du jouer la Veuve Noire … Tristesse.
Enfin l'amour triomphant, l'est de manière illogique puisque ce n'est pas l'amoureuse qui aide l'amoureux ! Ni même un amour dévié mais sincère comme c'était le cas dans le premier volet. Ici c'est l'amour de la maitresse d'école, coupé à celle pour son nouveau né assassiné, couplé à son amour/haine pour sa sœur et … enfin, trop compliqué ou trop simpliste. Incohérence du canevas décevante pour ceux qui auraient apprécié un tant soit peu le premier volet.
Le genre de film dont on sort en se disant :"Dommage", car il possède une belle qualité esthétique grâce à ses décors, ses effets spéciaux et ses costumes qui forment une globalité de tons et de couleurs. Il traine d'ailleurs les errances du précédent film car il est tout aussi peu épique dans ses scènes d'actions, pour les mêmes raisons que dans Blanche-Neige et le Chasseur.
Au fond pour bien se marrer devant un film qui pillent les autres films du genre et même les Chevaliers du Zodiaque, autant aller voir Gods of Egypt.