Une chronique familiale peu convaincante et qui s'étire en longueur.

Cette adaptation est tirée du livre éponyme écrit par la chroniqueuse mondaine Jeannette Walls qui est la jeune fille par laquelle cette histoire nous est contée. Elle est autobiographique et on le sent bien par la précision de certaines anecdotes et de scènes qui sentent le vécu. D’ailleurs « Le Château de verre » prend le parti de nous faire vivre l’histoire à travers ses yeux durant deux heures et c’est somme toute logique. C’est une chronique familale se déroulant sur deux époques : l’enfance et l’adolescence dans les années soixante, alterné avec l’âge adulte en contrepoint durant les années 80. On ne peut pas vraiment dire si la reconstitution est réussie tant les scènes se déroulent à l’intérieur d’une maison ou dans des appartements ce qui a pour effet de rendre le film un peu étouffant. Mais le sujet qui parle d’une famille sur les routes fuyant l’ordre établi et la société de consommation en utilisant le système B sous la coupe d’un père omnipotent, un peu rêveur et charismatique rappelle beaucoup « Captain Fantastic » sorti l’an passé. Et ce n’est pas du tout à son avantage.


Attention, pas que « Le Château de verre » soit mauvais ou raté mais il se laisse tout juste regarder alors que le film de Matt Ross tutoyait les sommets. Il s’avérait être un chef-d’œuvre d’émotion et de poésie empreint d’une réflexion forte sur notre monde alors que celui de Deston Cretton relate mollement la vie de cette famille dysfonctionnelle et de manière un peu trop scolaire et attendue. Les événements et changements de domiciliation s’enchaînent de manière linéaire et le montage alternant les allers et retours entre les deux époques avec des scènes qui se répondent n’est guère un processus original. Ce choix relève du passage obligé et, au final, on se demande si un long-métrage en deux parties n’aurait pas été tout aussi pertinent, l’arrivée du second acte aurait pu réveiller notre attention.


En effet, si durant la première partie quelques séquences sont vraiment dignes d’intérêt comme celles où Rex apprend à Jeannette à nager de manière peu conventionnelle ou le retour de cette famille bohème à Welch chez des grand-parents paternels effrayants, plus le film avance plus on se désintéresse du sort des personnages. On a parfois l’impression d’être devant un téléfilm de l’après-midi. Longueurs et scènes redondantes prennent le dessus et nous plongent dans une certaine torpeur. De plus, « Le Château de verre » rate le coche de l’émotion dans des scènes essentielles mais parvient à se rattraper lors d’un plan final de toute beauté. Quant aux acteurs, on regrette que le personnage de la mère joué par Naomi Watts soit aussi sacrifié au profit d’un Woody Harrelson en roue libre tantôt impressionnant, tantôt en surchauffe. Cette enfance n’a, dans ce film, pas vraiment un profil assez cinématographique pour pleinement nous emballer et garder notre intérêt en éveil durant plus de deux heures.

JorikVesperhaven
5

Créée

le 3 oct. 2017

Critique lue 848 fois

3 j'aime

Rémy Fiers

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