Le Choc des Titans par Mickaël Barbato
Leterrier... Ce nom résonne comme une ritournelle menaçante, et pour cause : Le Transporteur, c'est lui. Danny the dog, c'est lui aussi. Le deuxième Hulk, à peine meilleur que la grosse purge de Ang Lee, c'est encore lui. Alors, voir ce réalisateur attaché au projet de remake de l'un de mes films cultes d'enfance, ça avait déjà tout du crachat à la gueule.
Pourtant, ça ne débute pas mal. On sent très vite que le scénario s'éloigne de l'original. Ce qui annule toute impression d'irrespect de l'oeuvre. Les dénombrer serait un bel exercice de spoil, mais quelques variations forment la piste sur laquelle Leterrier s'est perdu. Ainsi, le méchant est désormais Hadès, certainement bien plus facile à traiter que Thètis, plus facile à diaboliser. Adieu la relation de Persée et Andromède. Bonjour la simplification du personnage de Calibos, et au revoir toute la partie dramatiquement importante de la vengeance de Thètis sur Andromède. On peut donc lire une simplification à l'extrême, au profit d'un autre aspect important, l'action. Mais il ne faut pas se louper, sous peine d'être vide et ennuyant.
Hélas, Leterrier ne surprend pas et reste un faiseur sans personnalité. Les séquences d'action sont dans la moyenne d'aujourd'hui, c'est à dire parfois un peu trop rapides dans les cuts, et ne surprennent jamais. Visiblement, le réalisateur a voulu rajouter du rythme, et à raison tellement l'original accuse le poids des années à ce niveau. Seulement, il oublie le style, et c'est ainsi que le passage épique de cette histoire, à savoir le combat contre Méduse, tombe dramatiquement à l'eau. Car toute la poésie des images disparu, faisant de ce monstre une vulgaire situation de plus. Pourtant, les moyens sont là, il faut voir à quel point la séquence des scorpions prend une ampleur démesurée face à celle de l'original. Mais tous les CGI du monde ne feront jamais un spectacle palpitant si la tension n'est pas invitée à la fête. Tension qui aurait pu être présente par l'interprétation des acteurs.
Seulement, à ce niveau, on touche le fin fond du fond. Entre un Sam Worthington aussi expressif qu'un cul de babouin, un Liam Neeson visiblement là pour payer ses douloureuses et un Fiennes cabotinant, on peut se demander qui est le pire. Ah non, en fait c'est sans hésitation que ce titre va à l'acteur principal, déjà coupable d'un jeu minable pour le décevant Avatar de Cameron. Confondant de non-charisme, l'étendue de ses expressions doit être aussi vaste que celui de Saumon Agile (aussi appelé Steven Seagal, parfois). Une vraie catastrophe pour l'empathie bien entendu, qui n'est jamais ressentie. Se faire du soucis pour un mollusque au crâne rasé et au regard aussi intense qu'un Schwarzy dans Kalidor, difficile.
En parlant de mollusque, il serait difficile de ne pas finir en parlant de ce que tout le monde attendait : le kraken. Avec le Pégase noir, la seule raison de ne pas complètement haïr le film. Plus réussi que dans l'orinal, non pas au noveaux des SFX mais du design, il faut tout de même déplorer, encore une fois, un réalisateur peu inspiré. Un tel monstre, ça se bichonne, on lui donne une stature, on le met en valeur. Mais non, son aspect de géant n'est jamais bien rendu. Pour comparaison, le début de God of War 3 fout une baffe infiniment plus violente.
Au final, encore une preuve que tous les moyens du monde, tous les meilleurs génies des CGI, ne peuvent rien face à un réalisateur doué. Ce que n'est pas Leterrier.