"Mon préféré !"
Longtemps mon film préféré, cet OFNI désormais culte a pourtant tout du plus scandaleux des nanars : un scénar' à la niaiserie cosmique, un manichéisme d'école primaire, la vision d'un "futur"...
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le 18 déc. 2012
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Je me demande comment je me suis débrouillé pour ne pas aimer Le Cinquième Élément la première fois. Peut-être avais-je été rebuté dans mon inexpérience cinéphilique par le design blade-runnerien un peu instable, les effets spatiaux épatants qui rivalisent avec des prothèses aliens trahissant à tout instant leur nature plastifiée (au temps pour Gaultier). Les évènements déclencheurs poppant du néant n'aidaient sûrement pas.
Le Cinquième Élément, c'est tellement plus que ça. Déjà, c'est un film où les personnages sont fabuleux (le personnage de Chris Tucker dépasse en charisme celui de son "confrère" joué par Stanley Tucci dans Hunger Games, et je m'excuse de ce parallèle) même si Ian Holm montre quelques signes de faiblesse, au contraire d'un superbe Gary Oldman. Willis, c'est Willis ; les gros durs sont facilement interchangeables, surtout quand ils ont une palette d'expressions un peu courte, mais il sait montrer ce qu'il faut quand il faut.
Ensuite, c'est un film passionnel : Willis s'est éclaté, Oldman a joué par amitié pour Besson sans rechigner du tout sur son travail, et Besson lui-même était trop heureux de pouvoir mettre en images un projet datant de ses études. Au point qu'il a créé la langue parlée par Milla Jovovich (!) et qu'ils la parlaient tous les deux couramment (!!). (Remarquez, Valerian aussi était un vieux projet et cela ne l'a pas empêché de se planter.)
Et puisque je n'ai pas encore parlé de Jovovich, c'est un peu dommage mais elle a été choisi pour son physique (c'est confirmé par Besson qui s'est dit fasciné par son intemporalité physique), donc le personnage prend un coup dans l'aile (guère étonnant qu'elle ait fini dans le taxi de Willis…).
Enfin, c'est un film où tout est lié, qui crée des allusions jouissives, des indications juste pour les fans (j'avais remarqué que Willis pouvait bosser pour Oldman dans l'histoire, pas vous ?) et des motifs fascinants (je n'avais pas vu les cercles et rectangles récurrents avant de me documenter, et vous ?). Peut-être n'avais-je pas aimé, la première fois, que Le Cinquième Élément fût une comédie de science-fiction. Pourtant, aucun accroc dans l'usage quasi-burlesque que Besson fait des éléments à sa portée, si riches d'ailleurs. Et Serra, le discret et magique compositeur attitré de Besson, ne doit pas non plus être ignoré pour ses partitions qui portent ici mal leur nom ; en fait de partitions, c'est des réconciliations qu'il fait, flattant le classicomélophobe et s'attirant les faveurs des audiences jackso-princiennes en une fusion mémorable, énergique et raccord.
Plus qu'un Blade Runner des nineties, plus que le signe avant-coureur de la chute valériane de Besson, plus qu'un splendide méli-mélo du néo-noir et du tutti frutti, Le Cinquième Élément est le joyeux accomplissement d'une passion galopante. Plein de lui-même, c'est un film qui accroche chaque spectateur par au moins un détail. Quoique, la preuve en est que ça n'avait pas été mon cas... Heureusement qu'on change, pour le coup.
Créée
le 15 janv. 2019
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