Plume de plomb

Qui est le corbeau ? Celui qui connaît tous les secrets, peut briser toutes les vies, déchaîner autant de peur et de colère rien qu'à l'évocation de son nom ?
Un anonymat parfait; une masse en colère; une masse qui ne demande qu'à faire jaillir les sombres secrets perdus dans une seule mémoire, celle qui souhaite faire exploser sa furie.
Clouzot signe un deuxième court-métrage brillamment orchestré où la tension va crescendo sans laisser un seul instant le répit à ses personnages, et par la même occasion, il nous fait suffoquer avec eux, à ne plus savoir où donner de la tête et à guetter la prochaine lettre qui sera annonciatrice de terreur.
Le réalisateur parvient à faire grimper le suspens à un tel niveau que ce qui était au début un jeu malsain devient rapidement un calvaire angoissant dont les retombés peuvent être dangereuses.
Le tout étant appuyé par des jeux de lumières style expressionnisme allemand afin de jouer sur l'impression de cauchemar permanent, où les jeux d'ombres se confondent de chaque côté jusqu'à disparaître dans la même noirceur que les plumes du maudit corbeau.
Le drame réside dans ce pessimisme qui frappe le récit du début jusqu'à la toute fin, chacun est prêt à se bouffer les uns les autres. Aucun échappatoire.