Le Dernier Métro est un très beau film français réalisé par François Truffaut, coécrit par Suzanne Schiffman et Jean-Claude Grumberg sur une très belle photographie de Nestor Almendros, de très beaux décors de Jean-Pierre Kohut-Svelko et une musique de Georges Delerue qui met en scéne (pendant l'occupation Allemande) un groupe de personnes mené par Marion Steiner (jouée par Catherine Deneuve) qui assure la direction depuis que son mari juif allemand, Lucas (joué par l'excellent Heinz Bennent), s'est enfui de Paris (En réalité, il s'est réfugié dans les sous-sols du bâtiment)... qui doivent monter une pièce de théâtre (écrite par ce dernier)... cette troupe est constitué de Bernard Granger (joué par un très bon Gérard Depardieu) un acteur membre de la résistance... de Jean-Loup Cottins (joué par l'excellent Jean Poiret) le directeur du théâtre (un personnage inspiré de Sacha Guitry)... de la comédienne Arlette Guillaume (jouée par Andréa Ferréol)... entre autres...
Film riche et accompli, Le Dernier Métro multiplie les niveaux de lecture et aborde de nombreux thèmes : l'Occupation allemande (Lois contre les Juifs et les étrangers pendant le régime de Vichy), les bouleversements et les attitudes qu'elle entraîne, les résonances entre la vie réelle et la fiction théâtrale et comme dans Fahrenheit 451 les mécanismes de défense contre l'oppression et l'obscurantisme. L'homosexualité, masculine et féminine, est abordée avec tolérance. Le principe de mise en abyme (le théâtre dans le cinéma), comme le « film dans le film » de La Nuit américaine, permet de superposer l'évocation des contingences matérielles et des aléas de la préparation d'un spectacle à l'exaltation de l'esprit de troupe et à la notion de rôle dans la vie comme en art. Le théâtre devient l'occasion de ressusciter minutieusement une période historique sombre mais drapée d'imaginaire et de fantasmes. Truffaut reste fidèle à ses thèmes de prédilection dans l'idée d'interchangeabilité des masques en société et en scène, télescopée avec le hasard, la séduction, la galanterie, le mensonge, la vérité et le sentiment amoureux. Le triangle central, une femme et deux hommes (comme dans Jules et Jim), est préservé grâce à la ruse, la duplicité et surtout la passion de l'art et de la création qui absorbe les existences entières du microcosme d'individus mis en scène... Enfin bref, François Truffaut signe encore un grand film...