--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au dix-neuvième épisode de la cinquième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/Secret_of_the_Witch/2727219
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---


Et il n’aura pas fallu longtemps à la sorcière moderne qui se prend au sérieux pour se casser la gueule. Ou plutôt, non : notre sorcière -si tant est qu’elle en soit une- est admirable, mais c’est plutôt le film tout autour d’elle qui s’effondre en grotesque agonie. Alors reprenons.


Moins d’un an après Black Death, Le Dernier Templier ou Season of the Witch dans sa version originale (d’habitude je râle après la traduction française minable, mais là c’est pire, y a pas un titre pour rattraper l’autre…) tente d’explorer les même thématiques. Je n’essayerai cependant pas même d’accuser le film de ce soir de plagiat, ce serait insultant pour Black Death.


Pourtant curieusement pour une fois ce n’est pas le scénario qui mène sa troupe vers sa perte. Quelques petites originalités sont même à noter, comme le fait de nous donner une fausse piste en nous incitant à nous ranger du coté de Nicolas Cage (on le fait toujours, c’est le héro, nous sommes habitué à lui accorder notre empathie sans réfléchir) plutôt que de celui du méchant religieux. Où encore la façon subtile dont on nous apprend un peu plus tard dans le film que l’on s’est trompé, par un simple sourire de la jeune femme que l’on pensait jusqu’alors innocente. Bon, OK, ensuite ça part un peu en n’importe quoi, avec ce qui commence à devenir malheureusement commun chez les sorcières au cinéma : déployer des torrents de magie pour obtenir un résultat qui aurait pu être le même de manière beaucoup plus simple. Tout le délire de la crypte, avec les deux héros qui subissent un effet de labyrinthe, un troisième gaillon qui entend des bruits chelou l’incitant à sortir son arme, et un quatrième victime d’hallucination, franchement, la sorcière elle aime se compliquer la vie on dirait. Je ne parle même pas de la fin, subissant le bon vieux symptôme du « on sait pas trop nous même ce qu’on est en train de raconter, du coup on va mettre beaucoup de trucs pour donner l’impression au spectateur qu’on est très intelligents » : Ouais, en fait le démon il s’est fait passer pour une sorcière, mais en fait il a fait exprès de se faire emprisonner parce qu’il savait que comme ça on l’emmènerai dans une cage avec une escorte de gars qui veulent sa mort jusqu’au monastère... Eh mais dans ce cas les loulous, pourquoi le démon il s’est emmerdé à prendre possession du corps d’une jeune fille fragile, plutôt que de garder son corps de brutasse et de s’emmener lui même au monastère avec ses grosses ailes de méchant ? Il doit être sacrément con votre démon, où alors aimer les défis… Bon, oui, finalement le scénario il était quand même pas fameux, et ce dès le début, où on nous montre qu’il suffit aux héros de grattouiller les cottes de mailles des ennemis pour les faire tomber raides morts, tandis que eux, par le pouvoir de leur bonté d’âme, ils peuvent se relever oklm après s’être pris un poignard dans la poitrine jusqu’à la garde.


Bon, bah tant que je suis dans le « pas bien », je vais continuer, et aller maintenant vers le cœur du problème : c’est réalisé avec les pieds. Les personnages sont tous dirigés pour être des gros clichés d’eux-mêmes, de Bambi l’enfant de cœur au truand filou rigolo en passant par Nicolas « je suis un homme, mais j’ai des fêlures » Cage ; la photographie est une pâle copie de tout ce qui se fait dans le même genre depuis des années, sans tenter la moindre audace, avec un léger arrière-goût de téléfilm ; idem à la musique. La scène-clé pour démontrer le désintérêt ultime du réalisateur pour son propre film, est celle où Nicolas Cage et son sie-kick discutent à cheval : les personnages sont filmés en incrustation sur un fond flou, et on les fait vaguement flotter dans le cadre pour donner l’impression du mouvement du cheval sous leurs ischions. CA. NE. MARCHE. PAS. Tout dans cette scène est raté. Moi en tant que réalisatrice d’un film qui a le budget de se payer Nicolas Cage et Christopher Lee (on revient sur le casting juste après), je vois cette scène au montage, je rappelle mes gars illico et je réclame des retakes. Je fous mes loustics sur des vrais chevaux dans n’importe quel décor à peu près vert et je refais la scène. Je ne comprend pas comment cette horreur à pu passer tous les stades : comment à la préparation les types ont pu se dire que c’était plus simples d’incruster les comédiens alors que le fond est flou, et de faire de la post-prod alors que les autres images du film démontrent clairement que pourtant ils savent monter à cheval ; comment au tournage personne ne s’est rendu compte que ça n’allait pas marcher ; comment le monteur a pu accepter de monter ça ; comment les VFX ont laissé sortir un truc aussi bâclé de leurs bureaux ; comment la prod a pu accepter qu’une scène ridiculisant autant le film reste dans le final cut. Ça peut paraître anodin, mais cette scène cristallise à mes yeux tout ce qui fait que le film n’est pas bon.


Le film n’est pas bon donc, et je me suis employée à démontrer pourquoi. Cependant, quelques agréables découvertes ont parsemé mon visionnage, et je me dois de leur rendre hommage. Tout d’abord et ce qui rend la faute de la scène sus-démontée encore plus grave : les effets spéciaux dans l’ensemble ne se défendent pas trop mal. Ces transformation de loups en… loups méchants (?) sont parfaitement inutiles, mais j’aurais apprécié croiser plus de transformations aussi propres lors du mois-lou-garou. La bestiole finale se défend pas trop mal, elle est assez simple, mais au moins pour une fois les VFX ont su être modestes et n’ont pas cherché à faire au dessus de leurs moyens, ce qui nous laisse un monstre relativement crédible. De même pour la scène du pont - qu’on a vu des centaines de fois et qui en fait des tonnes, mais sur un plan purement technique elle fonctionne.


De même au casting, les bonnes surprises s’enchaînent, et même dirigé par un âne, un acteur brillant reste un acteur brillant. Au-delà de Nicolas Cage (que je n’apprécie pas vraiment, mais qui malgré tout fait son petit effet), j’ai été ravie de retrouver à ses coté Ron Perlman, dans le rôle de… Ron Perlman (mais si, vous savez, c’est Hellboy). Claire Foy est hyper crédible en sorcière sournoise se faisant passer pour une misérable victime et Christopher Lee est assez inattendu en cardinal mourant (Après avoir interprété Dracula l’immortel, avouez que le changement est assez radical). Plus que tout, j’ai été doublement ravie de retrouver mon chouchou absolu du petit écran, Robert Sheehan, une première fois simplement de voir son beau visage dans -pensais-je- un rôle de silhouette ; une seconde fois en découvrant que son rôle allait être bien plus conséquent que je ne l’avais imaginé. Avec son visage d’ange et son jeu alliant douceur et fraîcheur, il m’a fait pardonner à ce film toutes ses erreurs. Et pourtant elles étaient nombreuses...

Zalya
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le 13 nov. 2020

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