Le scénario tient sur un post-it : un portier de grand hôtel, pour qui exercer sa profession est le plus grand honneur qui soit, se voit reléguer à un poste moins prestigieux à cause de son âge. Pour lui c'est une véritable descente aux enfers.
L'uniforme de portier joue un rôle primordial dans ce film : le héros y est attaché comme un petit garçon est attaché à son ballon ou une petite fille à sa poupée. Il le porte même chez lui et dans son quartier où il pavane fier comme un coq.
Dés qu'il sera dépourvu de son uniforme, son aspect va considérablement changer. Il semble prendre 10 années, et faiblit aussi bien psychologiquement que physiquement. Sa descente aux enfers est représentée par son parcours jusqu'à son nouveau poste, situé justement dans les sous-sols de l'hôtel. Il n'aidera plus les clients pénétrer dans l'hôtel, désormais c'est à lui qu'on va tenir la porte et aider à marcher.
Interprété par Emil Jannings avec un physique des plus particuliers, ce portier nous livre une histoire touchante magnifiquement mise en scène par Murnau qui joue sur les décors pour renforcer le sentiment de puissance ou d'impuissance de ce dernier.
Difficile également de ne pas voir une critique d'une société où l'on se débarrasse de ce qui ne fonctionne plus, avant de le remplacer. Cet hôtel Atlantic semble une caricature de ce monde régi par des lois et des codes qui négligent l'aspect humain, avec le directeur, les employés, les riches clients...
Etonnant aussi ce happy ending introduit par une note de l'auteur dans un film qui ne comporte aucun intertitre, si ce n'est la lettre de destitution du portier. Une petite note d'espoir dans cette période d'entre-deux guerres, après une majeure partie du film presque pénible à regarder avec ce malheureux homme qui semble porter le fardeau de toute l'Humanité sur ses épaules.