Un très bon moment que ce Dernier des six !


Un film dont je n'ai découvert l'existence que cette année seulement, plus de cinq ans après avoir vu (et aimé) pour la première fois L'assassin habite au 21 de Clouzot. Lorsque j'ai appris que ses deux personnages, les irrésistibles commissaire Wens et sa copine Mila Malou, avait déjà été mis en scène (et déjà sous les traits de Pierre Fresnay et Suzy Delair) dans un premier opus l'année précédente ; opus qui plus est scénarisé – à défaut d'être mise en scène – par Clouzot, mon sang n'a fait qu'un tour : il fallait que je voie ce film ! Et franchement... je ne suis pas déçu !


Si Clouzot n'assure hélas pas la mise en scène de cette première enquête du couple Wens/Mila, le film est aussi palpitant et drôle que le sera son successeur (L'assassin habite au 21, donc). Le pitch est intriguant, l'enquête pleine de rebondissements (et pour cause : les suspects sont transformés un par un en victimes...) et surtout – surtout ! – les scènes de couple Wens/Mila comme les scènes d'interrogatoire de Wens sont absolument tordantes. Aussi bonnes que celles de L'assassin... On reconnaît déjà la plume virtuose de Clouzot dans ces dialogues savoureux, à la fois drôles et percutants. Suzy Delair est très bien mais Pierre Fresnay est lui carrément formidable, dans son rôle de commissaire brillant et taquin qui mitraille les répliques ironiques et spirituelles. J'en ai pleuré de rire à plusieurs reprises.


Puis, comme dans L'assassin habite au 21, les seconds rôles ne sont pas en reste, avec notamment une Michèle Alfa (que je découvrais) assez envoûtante et un Jean Tissier (qui sera de nouveau au casting – dans un autre rôle bien sûr ! – de L'assassin...) bien charismatique. Bref, une bien belle brochette d'acteurs, ayant tous leur poignée (voire plus) de répliques géniales. Que du bonheur. Puis le film s'offre en plein milieu une scène de spectacle assez improbable, étonnamment longue mais assez réussie. Avec des figurantes à poil comme on n'en verrait plus aujourd'hui...


Si je devais lui reprocher quelque chose, je dirais simplement que la résolution de l'intrigue est tout de même moins surprenante que celle de L'assassin habite au 21 et que je l'avais – en tout cas un temps – envisagée sérieusement... avant, je l'avoue, qu'une fausse piste trompeuse n'arrive à me duper et à me faire passer à autre chose. Mais bon, c'est vraiment histoire de chipoter, parce qu'au fond, peu importe que la conclusion ne soit pas aussi vicieuse et maligne que celle de son successeur : je me suis autant amusé et c'est ce qui compte. Comme dirait l'autre : l'important, ce n'est pas la destination, c'est le voyage...


Bref, ce Dernier des six est en ce qui me concerne une excellente surprise, un film aussi savoureux que son illustre successeur L'assassin habite au 21. Et dont la faible notoriété en comparaison est ma foi assez injuste.

ServalReturns
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le 16 nov. 2020

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ServalReturns

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