J'ai envie de faire une critique un peu différente. J'ai envie de savoir si oui ou non, le Discours d'un roi mérite son oscar. Et quoi de mieux d'aborder d'abord les chances des neuf autres nominés.

On commence avec les absents :
- The Kids are all-right, j'ai pas vu. J'ai rien contre les lesbiennes, au contraire. C'est peut-être justement pour ça que ça ne m'intéressait pas de voir un film surfant sur un débat d'actualité (l'homo-parentalité) pour en faire une comédie-bluette sympatoche avec le père biologique.
- The Fighter, pas encore vu non plus, ça m'intéresse pas plus que ça. Je retoucherai sûrement si je finis par le voir.

Les films disqualifiés dès le départ :
- 127 heures. Danny Boyle a déjà touché le jackpot avec un film beaucoup plus oscarisable et celui-ci repose sur un jeune acteur talentueux mais pas extraordinaire. Le procédé est vite éventé. Un oscar aurait été une arnaque.
- True Grit. Comme Boyle, les Coen ont touché la timbale il n'y a pas longtemps avec un film plus abouti et des concurrents moins féroces. Leur film est bon, mais pas exceptionnel. Un oscar aurait été le signe que l'académie est vraiment vieillissante.
-Toy Story 3. Aucun film d'animation n'a gagné l'oscar du meilleur film et c'est pas maintenant que Pixar a sa propre catégorie aux oscars et que la liste des nominés a été étendue à dix que ça va être le cas. Surtout avec une suite, certes bonne, mais qui n'attend pas le niveau de sophistication de Wall-E ou Là-haut.

Les films qui auraient pu sur un malentendu
- Inception. Le blockbuster de la catégorie. Première nomination tardive pour Nolan. L'académie aurait pu sur un moment d'égarement lui filer un des deux oscars, pour l'ensemble de son œuvre. Heureusement pour nous, il va falloir attendre qu'il affine son style. Mais ça viendra, un jour.
- Winter's Bone. Un film indé excellent avec des acteurs de série, une jeune actrice douée, une histoire poignante et réaliste et une récompense méritée à Sundance. Si Hollywood s'était rebellé contre lui-même, le film aurait pu mériter l'oscar. Pas la réalisatrice par contre.

Les challengers
- The Social Network of course, aurait pu/du remporter la doublette. Même si je ne porte pas une affection particulière au film, il était pourtant évident que Fincher avait sorti son meilleur film, avec un sujet qui plait pourtant souvent à l'académie et une certaine audace dans la réalisation. D'accord Sorkin et Reznor ont emporté leur oscar pour un boulot bien mérité mais l'ensemble et le réalisateur méritaient eux aussi leur statuette.
- Black Swan. Mon chouchou. Si je ne donnais pas cher de sa peau dans la catégorie meilleur film, je pariais à fond sur l'oscar du réal pour Aronofsky. Le type est surement encore trop mégalomane pour se faire accepter par ses copains. J'étais à fond derrière mais il n'avait aucune chance surtout avec le lot de consolation pour Portman.


On en arrive donc à notre Discours. De loin, le film le plus académique de la sélection. Même True Grit qui fleure bon la nostalgie ou The Social Network n'arrive pas à réaliser le combo qui plait tant aux Oscars : Film historique + acteurs anglais + quête personnelle. De ce point de vue, c'était évident que le film remporterait la timballe si la réalisation, le scénar et les acteurs suivaient.

Pour le côté historique, le film fait le job. Beaux costumes, beaux décors. Bon pour le Churchill caricatural, on repassera. Mais je doute qu'on arrive un jour à faire un bon Churchill au cinéma. Hitler par exemple est plus facile, parce qu'il a perdu. Mais Chrurchill, Staline, De Gaulle ou Roosevelt, c'est déjà une autre paire de manches.

Les acteurs suivent bien. Firth mérite amplement son titre, déjà parce qu'il est bon, ensuite parce qu'il aurait du l'avoir avant et surtout parce que la compétition était ridicule cette année. Rush est très sympathique. Bonham Carter fait plaisir à voir sans son maquillage et ses mimiques affreuses qu'elles arborent dans la plupart de ses films.

Le scénario n'est pas exceptionnel et s'essouffle considérablement sur la fin, prenant un ton épique certes adapté mais pas franchement finaud. Les dialogues sont chouettes la plupart du temps et le film aurait vraiment gagné a resté collé aux bottes du duo plutôt que d'essayer de se tirer vers les hautes sphères. Les scènes fonctionnant le mieux étant celles dans le cabinet de Logue.

La réalisation m'a surprise. pas si académique que cela, avec de nombreux plans astucieux, de jolis stratagèmes. Tout ça gâché par la séquence finale du discours qui vient sulfater à grand renfort de Beethoven (alors que Desplats avait été délicieusement discret) et d'images du peuple. Terriblement prévisible. L'oscar du meilleur réalisateur est immérité. Celui du film moins.

Arrivé ici, c'est évident que le film est au dessous de ses concurrents directs, plus ambitieux, plus originaux, plus tournés vers l'avenir. Mais Hollywood reste Hollywood et continuera a préférer rendre hommage à son passé plutôt qu'à son futur. Le plus triste restant que je n'ai pu parler de ce film que par le prisme de ses concurrents, ce qui est une preuve de plus de son archaïsme.

Néanmoins, si je devais ajouter une chose en sa faveur. Cela reste le film le plus drôle (Toy Story 3 mis à part) dans une sélection se prenant décidément trop au sérieux.
MrShuffle
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le 12 mars 2011

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MrShuffle

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