J'étais plutôt réticent à regarder Le Discours d'un roi, notamment car les films historiques n'ont que peu d'intérêt pour moi, étant trop souvent romancés, voire déformant carrément la réalité. Cependant la bande-annonce m'a suffisamment tenté, et puis il était difficile de passer à côté d'un tel long-métrage, surtout sachant qu'il vient de recevoir 12 nominations aux Oscars 2011 (ce que n'a pas loupé de mentionner son distributeur dans une promo un peu tardive...).
En Angleterre, au milieu des années 30, le prince Albert (Colin Firth), a un problème de bégaiement, et les ondes radios s'étant imposées, il est devenu indispensable de s'exprimer à son peuple par ce moyen. Essayant toutes les techniques qui lui sont proposées, et ne donnant aucun résultat, il fera une dernière tentative, poussé par sa femme (Helena Bonham Carter), en rencontrant Lionel Logue (Geoffrey Rush), orthophoniste australien aux méthodes inhabituelles.
Le méthode de Logue finissant par donner des résultats, Albert, devenu George VI, suite à sa montée sur le trône, devra mener ce premier discours (en tant que Roi) mémorable en annonçant l'entrée en guerre de l'Angleterre contre l'Allemagne.
Ce qui plait dans cette production, c'est que toute la partie historique qui pourrait être ennuyeuse pour un fort pourcentage du public est — quasi — complètement laissée de côté, ne se consacrant qu'à l'homme, ou plutôt dirais-je deux hommes, qui au fur et à mesure, au delà de la relation professionnelle, finiront par devenir amis. On se laisse donc mener sans mal par les performances incroyables de Colin Firth et Geoffrey Rush, nous faisant apprécier tous deux la finesse et la richesse des dialogues. D'ailleurs tout le film tourne autour d'eux deux, les autres protagonistes étant presque relégués au rang d'objet du décor (de même qu'Helena Bonham Carter et Guy Pearce).
Oscillant entre l'humour, le sarcastique, et la gravité de la situation, Tom Hooper réussit parfaitement à nous faire ressentir le poids — grandissant — que doit supporter Albert, ainsi que la terreur que cela engendre, étant Roi, mais aussi Empereur des Indes.
Pour ce qui est de la restitution d'époque on a peine à croire que tout cela n'ait couté que 15 millions de dollars, tant les décors sont parfaits, détaillés, et, pour nous montrer à quel point, Hooper use et abuse des objectifs grand-angle, nous laissant contemplatifs devant la majestuosité de cette Angleterre, symbole même de la royauté. D'ailleurs la première scène se passant à son discours à Wembley est là pour annoncer la maestria, chaque détail étant finement calculé, et l'ensemble d'une fluidité sans failles, tranchant littéralement avec la diction d'Albert.
Le Discours d'un roi est sans aucun doute un chef d'oeuvre, mais malgré toute la maîtrise dont a fait preuve Tom Hooper, nous laisse légèrement dubitatifs quant au nombre de nominations qu'il a eu aux Oscars, donnant une impression de surestimation, n'étant au final qu'un biopic, et de ce fait prévisible, à l'inverse d'une oeuvre original comme Inception.
Bref, Le Discours d'un roi fait très bien commencer cette année, qui promet d'ailleurs d'être unique, Black Swan, The Fighter, 127 heures et True Grit arrivant d'ici peu. On commence donc avec du très bon, et on serait presque tentés de croire en un renouveau de l'âge d'or d'Hollywood.
Pour conclure, même si vous êtes allergique aux films d'époque, sachez que celui-ci se laisse suivre avec grand plaisir, le temps semblant passer à toute vitesse. L'humour côtoie le tragique, sans non plus sombrer dans le mélo, et ne manque jamais de garder une certaine pudeur à l'anglaise. Au final le film parait bien plus proche d'une bromance* que d'un documentaire historique, et c'est probablement pour cela qu'il fait autant mouche.
Mention spéciale pour la scène d'ouverture, qui tout comme la scène finale, est un discours, et qui plus est une scène parfaite, mais comme tout le monde va applaudir le discours final je préfère aller à contre courant, comme les saumons.