Bonjour. Je suis étudiant en troisième année de licence d'études théâtrales à l'Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle. Quand je n'écris pas des textes dramatiques où tout respire les hommes qui pleurent devant les calendriers de l'avent des supermarchés, les pères qui parlen de sociologie du viol avec leur fille de dix-sept ans, et le sang d'une balle dans le pied qui gicle sur un tableau de Mondrian, je prends le métro à partir du doux nom de Poissonnière.
Ou bien, je déambule à pied dans la rue la plus longue de Paris où j'habite près de Montmarte.
Ou bien, je savoure la douceur d'un soir sur la rue Monge et je visite tous les jours tous les magasins de la rue Mouffetard.
Des fois, je vais parler avec des mendiants et je leur offre des livres.
Et puis, je savoure les trajets où je dois passer successivement par Opéra et Châtelet, afin de voir le métro se vider et la foule respirer.
Et puis, il y a deux semaines, je suis rentré en train, avec mon meilleur ami. Pour Noël, on s'est offert le même cadeau. À savoir, Hyrule Historia. Dans ce trajet, côté fenêtre, j'étais à côté d'une fille blonde qui dormait. J'aime pas les gnes qui dorment dans le train. De un, je ne peux pas m'incruster dans leur intimité où discuter de la reproduction des loutres sauvages en Amazonie du Sud-Est comme si je les connaissais, de deux à leur place j'aurais une peur absolue de rater le terminus. C'est pourquoi je ne dors en train que lorsque mon arrêt est au terminus. Bref, pendant ce trajet j'ai lu Les Burgraves et je voyage toujours côté fenêtre, parce qu'autrement c'est inconcevable.
Me revoici donc, après deux mois de parisianisme aigü en phase terminale, de retour dans ma Gascogne natale où je savoure, comme Cyrano, le petit pâtre brun sous son rouge béret et la verte douceur d'un soir sur la Dordogne.
C'était Noël, on a mangé du foie gras, des sots-l'y-laisse, des mousses au chocolat, des huîtres, comme dans la Vie d'Adèle.
Nous n'avons pas vu Le Père Noël est une ordure, ni Maman j'ai raté l'avion.

EN REVANCHE

Aujourd'hui, j'étais chez ma grand-mère, à la campagne plus profonde encore que la campagne et, dans une charmante maison ancienne qui sent le thym, le propre, la lavande, et le verbe d'antan, nous avons découvert que Le fabuleux destin d'Amélie Poulain passait à 15h30 sur France 3.

Et c'est alors que j'ai redécouvert ce film comme si je ne l'avais jamais vu. Je sais que j'aime Jeunet. J'aime les images, les détails, et surtout les instants de la vie parisienne. Quand j'écris, j'en introduis tout le temps. Je me trompe des fois. J'ai un style cinématographique. Et, fort de la vie parisienne et d'une écriture pratiquée quotidiennement depuis deux ans, j'ai fait fi de tout ce que le temps qui passe avait pu faire pour me dégoûter de ce film. J'ai fait fi des musiques de Yann Tiersen utilisées dans tous les diaporamas de photos de famille, j'ai fait fi d'Audrey Tautou qui a perdu 80% de sa masse corporelle et qui, dans ce film, m'a donné un sourire infini par sa ressemblance infinie avec ma copine, j'ai fait fi d'Aliens 3 et d'un Paris on ne peut plus cliché. Parce qu'il ne l'est pas.

Parce qu'Amélie Poulains, je ne sais pas si ça se critique. Ça se vit, c'est un film de parisiens fait pour des parisiens, qui déambulent avec le sourire à Montmartre et Mouffetard. C'est un film qui a l'air d'avoir vieilli mais qui transporte, pour une — longue, tant on vit de choses — heure et demi, dans un monde hors du temps. C'est un film d'amour, de bonheur, qui donne la larme à l'œil tellement on aimerait vivre une existence aussi insouciante, aussi mignonne, aussi espiègle, avec un petit sourire en coin et un sillon naso-labial tout charnu.

La fabuleux destin d'Amélie Poulain, c'est un film qui rend heureux.
Ashen
8
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le 2 janv. 2014

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Ashen

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