L'extravagance du genre ?

0:37 secondes, une ruelle sur fond de filtre jaune fait office de scène d'ouverture, au même moment je me dis que je vais apprécier la photographie et que cette comédie romantique fera déjà parler d'elle rien qu'avec son image et ses couleurs.
09:45, on y découvre pour la première fois Amélie Poulain, après y avoir attentivement suivi l'histoire résumé de ses parents et de sa jeunesse et entendu les premières compositions de l’œuvre. Au même moment, je me dis que je vais avoir le droit à un film extravagant - mais dans le sens positif du terme. Notez ces utilisations des couleurs et ces traveling virevoltant au rythme de la musique. A l'instar de cette mise en scène distinctive, je me dis donc que j'aurais aussi le droit à un protagoniste rocambolesque. L'affiche dressant son portrait, en faisait déjà allusion et la représentation de son imaginaire et ses déguisements dans le film ont seront les preuves.

Résultat: cette comédie romantique n'est que demi-mesure à mon sens, juteux et savoureux durant une première partie du récit, amer et désagréable durant la seconde moitié. Raconter une histoire d'amour extravagante sous l'angle de vue d'un personnage extrêmement introvertie et timide, est en soit une excellente idée sur le papier. Qui plus est, on a à faire à une utilisation intelligente et ludique des effets numériques et des voix-off dans le long-métrage. Les choix artistiques dans les couleurs et les décorations apportent quant à elles, gaieté et cohérence.

Toutefois, cette extravagance que je voyais au premier abord d'un bon œil est finalement un "bien pour un mal", puisqu'à 1:57:13 secondes, la scène finale laisse place au générique de fin et au même moment, je me moque du titre que je juge d'abord quelque peu exagéré, me faisant la remarque qu'il n'y a rien de fabuleux dans tout ça. WAIT A MINUTE! Maintenant en écrivant cette critique, le titre prend tout son sens, ce dernier n'est en réalité pas aussi excessif qu'il en a l'air, pour la simple et bonne raison que ce qui est arrivé à un personnage si introvertie qu'Amélie Poulain, est bel et bien fabuleux. Donc, certes je ne décèle aucune arnaque dans le titre, mais j'en viens à me dire que ce film...Ne me plaît tout simplement pas. Il ne me fait ni rêver, ni sourire en fin de compte.

Ce n'est pas faute de m'avoir séduit avec quelques petites ruses scénaristiques honnêtement empruntées à un roman policier, ces belles musiques dansantes accompagnant ces quelques scènes remplies de poésie - à savoir celle de la fille au verre d'eau ou encore celle de l'aveugle. Malheureusement la déception prend le pas à cause de ces rebondissements et de ce dénouement bas de gamme; dommage, avec un personnage si créatif faisant preuve de tant d'imagination! Je n'accuserai ni la mise en scène, ni les insupportables Isabelle Nanty, Dominique Pinon et Mathieu Kaassovitz. Faute à l'histoire en elle-même et à cette simplicité scénaristique consistant à tout arranger en un claquement de doigt pour mettre un terme au récit. J'ai eu comme cette impression que la forme est constamment au service du fond.

Moi-même continuellement plongé dans l'imaginaire, je favorise le cinéma qui fait rêver et qui peut donner la chance aux timides adorateurs des romances, de l'imaginaire et victime du syndrome de Peter Pan comme moi, de devenir ou du moins s'identifier à un personnage sans limite dans l'extravagance - oui sinon l'expression perdrait tout son sens. Et c'est un peu ce que je reproche au film, lui qui souhaite montrer un personnage distinctif doté de nombreuses ressources grâce à son imaginaire mais qui devient à mon grand regret "mademoiselle tout le monde" à la fin.

Dommage Amélie Poulain, j'ai trouvé le réalisateur et les scénaristes plus timides que toi.