Avec l'énergie de Gassman en fanfaron et le flegme de Trintignant en étudiant, ce n'est pas seulement la personnalité des personnages qui s'oppose mais aussi celle des acteurs. Un résultat qui n'était pas forcément recherché par un réalisateur sur qui la gloire semble de nouveau tomber par hasard. Ce n'était pourtant pas faute d'aborder les mœurs plus largement et avec plus d'esprit critique que jamais, mais Risi n'y peut rien : son travail est toujours teinté de cette insouciance comique et parfois presqu'immature qui le rend comme accidentellement immortel.
L'immature, c'est bien le personnage de Gassman : crispant, rétrograde quand ça lui plaît et progressiste quand ça l'arrange, il est l'archétype insupportable de l'homme opportuniste ne vivant que pour lui-même sur le dos d'une société devenue libérale aux mauvais endroits.
Surprise, c'est de ce même homme qu'on finira par s'attacher, mais pas du fait que ses préjugés vont tomber. La première impression sur lui est la bonne, nous avait averti sa femme, et c'est effectivement nous-même, spectateur, qui évoluons au même titre que le timide étudiant à mesure que les péripéties tout à fait contrariantes du duo défilent, et l'on finira par s'habituer aux pires tics de l'énergumène.
Même soixante ans après, Risi nous fait vivre une évolution de la société aussi violente qu'elle fut longue. En une heure et demi de road movie.
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