L'amant double
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le 5 nov. 2017
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Après les excellents Bullhead et Quand vient la nuit, le réalisateur Michaël R. Roskan retrouve Matthias Schoenaerts pour un troisième acte totalement raté. Est-ce dû à la présence de la déplorable Adèle Exarchopoulos, à une absence d'émotions et à un scénario laborieux avec des rebondissements foireux? Surement. La séance va être longue et épuisante, mais surtout longue, très longue.
Gigi (Matthias Schoenaerts) porte un pull rose sur ses larges épaules. Il fait petit bourgeois du 16ème, contrairement à Bibi (Adèle Exarchopoulos), une pilote de course, se la jouant un peu meuf du ghetto de Neuilly. Ils vont se croiser et s'aimer dès le premier regard, c'est beau. Deux semaines après, il court sous la pluie pour la rejoindre, c'est émouvant. Ils se regardent, ne savent pas quoi se dire, c'est touchant. Puis on les retrouve dans une chambre entrain de faire plus ample connaissance, bref ils s'aiment. Elle découvre ses amis. Il fait la connaissance de son père. Tout va pour le mieux dans le meilleur du monde, sauf qu'il a un secret. Mais quel est donc ce terrible secret qui va faire vaciller leur amour? En fait, il n'y a pas de suspense. C'est un braqueur de banque, tout le monde s'en doute et surtout, il va lui dire, mais comme elle est un peu molle de la cervelle, il va lui falloir une ou deux scènes pour percuter. Pendant ce temps, on s'ennuie royalement et même après. En fait tout le temps, jusqu'à ce que le plan final nous délivre de ce mélodrame convenu, mais surtout con (pardon).
Un mélodrame sur fond de thriller avec un braqueur dont c'est le dernier coup, avant de se ranger avec sa belle, pour vivre heureux et avoir beaucoup d'enfant mais surtout pas de fleurs. On connait la rengaine, c'est du vu et revu. Le vrai problème, c'est le duo Matthias/Adèle qui ne réussit pas à enflammer l'écran et encore moins l'histoire. Il a perdu de sa superbe en afinissant sa silhouette, cela le rend moins sauvage, moins brut dans son jeu et il en devient lisse. Mais ce n'est rien face à sa partenaire de jeu. Elle fait acte de présence, en déclamant son texte avec une exaspérante platitude. Elle est soporifique et dès qu'elle élève le ton, on s'attend à ce qu'elle lâche un wesh. Sa voix prend une autre tessiture. Elle reprend son phrasé d'adolescente du ghetto du 14ème, en se dandinant en petite culotte avec un débardeur plongeant sur sa divine plastique. Finalement, son corps n'est-il pas le tronc qui cache la médiocrité de son jeu d'actrice. Elle est dénuée de toute subtilité, mais si au moins sa fougue prenait le pas sur ses lacunes artistiques, même pas. Le couple ne semble fusionnel que lors de leurs ébats remplis de sueurs, mais dès qu'il faut parler et exprimer ses émotions, c'est catastrophique.
La réalisation est sa seule qualité, mais au bout de deux heures, cela importe peu. Enfin, elle n'est pas vraiment exempte de tout reproche. Les braquages sont vite fait et mal fait. En fait, rien ne fonctionne. Il y a des longueurs, des rebondissements avec de nombreuses incohérences et le mélodrame tire sur toutes les ficelles, mais va tout de même nous épargner les violons. L'histoire ne tient pas la distance, ni le choc face aux drames de la vie, auxquels le couple va devoir faire front. Cela manque de rythme, d'émotions et à trop forcer le trait, cela en devient risible.
C'est la première erreur de parcours de la part de Michaël R. Roskan. Le scénario n'est pas à la hauteur des ambitions du réalisateur. Le film ne repose que sur le duo Matthias Schoenaerts et Adèle Exarchopoulos, mais comme il ne fonctionne pas et manque d'épaisseur, cela s'écroule et on se retrouve avec un navrant mélodrame.
Créée
le 7 nov. 2017
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