C'est pas avec un très grand optimisme que je me tâtait d'aller visionner le dernier long-métrage de Mamoru Hosoda. En effet au vu de l'affiche et des vidéos promotionnelles autour du film, je m'attendais à quelque chose au mieux divertissant, au mieux plaisant comme pouvait l'être Summer Wars, mais pas à quelque chose d'aussi viscéralement personnel et intime que La Traversée du temps, et dans une moindre une moindre mesure Les enfants loups.
Je suis au final sorti du film, assez surpris, dans le bon sens du terme. Le conte auquel on a à faire n'est pas avare en féerie et sait se montrer haletant et percutant jusqu'au bout.
On en a désormais l'habitude avec les films d'Hosoda, mais l'animation est toujours aussi éclatante et raffinée, de l'animation Miyazaki-esque avec un grand A. Les dessins sont assez épurés et fins pour donner vie à des scènes fastueuses, et sont encore, comme c'était le cas des précédents Hosoda, le fruit de Sadamoto, le renommé dessinateur de la saga Evangelion. Certains plans éloignés et des travelling de ci, de là, nous immergent parfaitement dans cet univers tantôt urbain, tantôt folklorique, nous donnant une impression de vie criante de réalisme.
L'autre point fort du film, et ce au delà de sa plastique, c'est bien les nombreux messages qu'il véhicule, et qui font de Le Garçon et la Bête une œuvre maîtresse de la filmographie de Mamoru Hosoda. Des thématiques telles que "fuir le monde réel et ses responsabilités lorsque l'on perd foi en l'humanité" ou bien "le complexe d'appartenance paternel du jeune adulte" y sont abordées de manière aussi théâtrale que sérieuse et intelligente d'une autre part.
Dernier point globalement positif, c'est la narration qui se montre efficace tout en cachant sa part d'inattendu, de réflexion sérieuse. Même si ce n'est sûrement pas de l'acabit de La traversée du temps qui est en tout point une véritable œuvre d'auteur adapté d'un vrai roman. Le Garçon et la Bête sait tout de même se montrer assez profond, bien exécuté et généreux en mise en scène grandiloquente pour ne pas avoir à trop souffrir de la comparaison avec son aîné.
Le bilan global que je tirerais de Le Garçon et la Bête est positif, très positif. Encore une fois Hosoda a su se renouveler pour nous offrir un spectacle savoureux. L'histoire de tous ces personnages fort en couleur se laisse largement suivre durant près de deux heures et le soin particulier apporté à la réalisation se déguste avec des grands yeux. Mention spécial au compositeur Masakatsu Takagi, qui après Les enfants loups, re-signe une deuxième fois, un travail musical d'orfèvre.