Brad Bird est un cinéaste à la filmographie relativement variée. On l’a récemment vu diriger le quatrième opus de la saga Mission Impossible, Protocole Fantôme, ainsi que le film live Disney A la poursuite de demain, avec notamment George Clooney et Hugh Laurie. Mais c’est surtout dans l’animation que le réalisateur s’est illustré, avec le très beau conte culinaire Ratatouille, ainsi que Les Indestructibles, un autre film d’animation très apprécié. Et, surtout, Brad Bird avait réussi, cinq ans auparavant, de très beaux débuts dans Le Géant de Fer, un film d’animation apprécié des cinéphiles, mais qui n’a pas un rayonnement aussi large que les autres films cités. A tort ? Absolument !


Le Géant de Fer nous ramène à l’époque de la Guerre Froide, dans les années 50, une époque de tensions et de rivalités intense entre les Etats-Unis et l’URSS. On suit les aventures d’un petit garçon à l’imagination débordante, fan de comics et de films de série B, ayant eux-mêmes souvent des discours sur la guerre froide et la paranoïa généralisée qui secouait la société à l’époque. Le Géant de Fer met un point d’honneur à mettre en place ce contexte socio-culturel, essentiel au développement des messages principaux du film.


Car ce qui intéresse Brad Bird dans son Géant de Fer, c’est bien de dénoncer l’absurdité de ce conflit et, dans une plus large dimension, les dangers liés à la guerre. Ce géant, aussi immense soit-il, a oublié sa mission première qu’est la destruction. Remis à zéro par un coup du sort, il doit tout réapprendre. Sans connaissance, sans expérience, il est comme un enfant qui découvre le monde, à qui on doit tout dire, mais qui révèle sa puissance et sa colère lorsqu’il voit une arme. Pourtant, son imposante stature fait qu’il est considéré comme une menace. Les messages adressés par Le Géant de Fer sont simples et évidents, mais extrêmement pertinents et, dans leur contexte, génèrent encore plus d’écho. L’obstination dans la volonté de prouver sa supériorité vient catalyser les pulsions belliqueuses des Hommes, montrant une nouvelle fois que la quête du conflit n’est qu’une vaine lubie.


Par ailleurs, le choix d’un robot venu d’une autre planète vient également associer au discours sur la guerre un autre discours sur la peur et, parfois, la haine de l’étranger, souvent couplée à des velléités belliqueuses. Cet être n’engendre chez l’enfant, innocent et sans a priori, que de la sympathie. Mais chez l’agent, c’est un ennemi, une cible à éliminer. On retrouve alors, dans le rapport du géant avec les autres personnages, une représentation de ce qu’est la guerre, un mépris et une aversion envers quelque chose ou quelqu’un d’inconnu, sans considérer la véritable nature de l’ennemi déclaré.


L’animation du film est simple mais efficace, mêlant dessins traditionnels et procédés plus modernes. De nombreux beaux plans viennent ponctuer un récit pacifiste, pensé pour les plus petits, mais tout aussi parlant pour les plus grands. C’est l’apanage des films d’animations, souvent associés à un public infantile mais pourtant universels. Le Géant de Fer est un film poétique, empreint d’émotion, d’innocence et véhiculant de nobles messages. Il ne manquera pas, à plusieurs reprises, de donner au spectateur les larmes aux yeux, preuve de l’efficacité d’un film aujourd’hui encore relativement peu connu (relativement).


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

JKDZ29
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le 1 juin 2019

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