Il est différent. Bien sûr, cela saute aux yeux de quiconque le rencontre, le heurte.
Pierre présente une structure principalement psychotique, avec ce que l'on appellerait un trouble du spectre autistique, et si l'on a envie de paraître savant et conforme aux classifications, un syndrome d'Asperger. Une fois qu'on a dit cela, qu'on a pris soin de se rassurer grâce aux petites cases qui empêchent de penser, qui est Pierre ? Pierre est un homme qu'on aimerait rencontrer. Il sait compter, il a les talents d'un hacker de haut niveau, il a une vision du monde qui peut paraître simple, il dit la vérité, et il sait qu'il est difficile à vivre. Surtout il sait aimer, il sait sentir quand il se morcelle et quand il est là. Toute rencontre est un heurt, un choc.
C'est la confrontation entre le monde de la névrose qu'incarne Louise (Virgine EFIRA) et de la psychose qu'incarne Pierre (Benjamin LAVERNHE) C'est la rencontre de deux structures qui devraient ne pas se comprendre, s'entendre (entendez-là les termes dans leur sens psychanalytique). Ainsi par exemple Pierre ne comprend pas les plaisanteries et prend les paroles au premier degré. Louise plaisante, mais elle n'a plus le goût de rire.
Benjamin LAVERNHE est exceptionnel dans ce rôle, juste et prégnant. J'ai aimé quand il était là, il m'a manqué quand il sortait du champ. Virginie EFIRA sert magnifiquement ce rôle de cette veuve qui n'a pas pu empêcher les flirts incessants de son mari avec la mort. La finesse du film, du scénario et de la réalisation est de ne pas nous emporter dans le mal-être de cette jeune femme solitudinaire. Sobre et tendre, de ce qu'elle ne comprend pas, elle ne fait pas rejet. L'intelligence du coeur transpire sur ce petit fond d'accent belge au soleil de Provence.
Hervé PIERRE, tout comme Laurent BATEAU (à qui il faudra un jour proposer un rôle autre que celui de personnage repoussoir) sont le cadre qui permet la circulation entre les personnages, le père et le rival.
Pierre, autrement écrit Pi r, souvenons-nous que pour calculer la circonférence du cercle la formule est **2**Pi r. Sans quoi il n'y en a que la moitié ?!
J'avais besoin de panser les plaies de ces derniers mois, ces dernières semaines j'avais besoin de douceur, c'est exactement ce que j'ai trouvé, dans ce film tendre, plein d'amour non conventionnel, non politiquement correct, fort drôle et plus que tout très humain. Enfin cet humain que j'aime tant et qui manque si cruellement dans le monde réel.
Si tout le monde aime les arbres, lorsque vous aussi lèverez les yeux vers les nuages, vous y verrez peut-être un doux message.
Bonne séance :)

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le 21 déc. 2015

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Agyness-Bowie

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