Le Goût du saké par Julien Chesneau
Film exceptionnel! Avec certaines répliques cultes:
- Keskil se serait passé si le Japon avait gagné la guerre? On serait tout les deux à New-York si on avait gagné la guerre... Pas dans ce bistrot, dans un vrai bar Américain! Depuis la défaite, les jeunes n'écoutent que de la musique américaine... Si on avait gagné la guerre, ce serait leurs gosses aux yeux bleus qui joueraient du Shamisen.
- ON A BIEN FAIT DE PERDRE (répond Hirayama en souriant)
Outre ce ton parfois dérisoire et léger, le film présente de façon poignante les mutations que subit le Japon à l'issu de sa défaite de 1945. Émancipation de la femme, remise en cause du patriotisme militaire, replis sur soi et rupture entre tradition et progrès...
Mais il présente aussi le déchirement des individus entre leurs rôles d'amis et de pères, et leurs désirs d'hommes. C'est enfin la relation dialectique entre générosité et égoïsme , entre crainte de la solitude et désir de voir ses enfants atteindre le bonheur, bouleverse nos personnages et est la source de leurs angoisses!
L'alcool et les bistrots, véritables fils conducteurs du film, s'apparentent alors à des lieux de fuite ou peut être, au contraire, au seul repère tangible auquel ces hommes puissent se rattacher!
Yasujiro Ozu, certainement une des plus belles découverte de ces derniers mois!