Depuis quelques années, on observe des tentatives (Olivier Marchal, Fred Cavayé, etc) de ramener en France un genre un peu disparu depuis les Belmondo ou Dewaere : le film noir, avec des hommes qui s'affrontent à l'ombre de la mort. Ce film de Michele Placido, déjà responsable du surestimé Romanzo Criminale, vient s'inscrire dans cette tendance de résurrection.
On réunit donc ici quelques grand acteurs dans un film ancré très français : les décors vont de la banlieue pavillonnaire d'Ile de France à la la Cité de Paris, en passant par une ferme poussiéreuse qui surgit du brouillard en pleine campagne, tout ça encadre une histoire de vengeance sur fond de braquage.
On repère de multiples références, de Vertigo à Massacre à la tronçonneuse, qui témoignent d'une tentative affichée de jouer avec des codes divers, du polar noir évidemment, mais aussi du film d'horreur par exemple.
Mais on en vient ici au défauts du film, la mise en scène d'abord, et la qualité de fabrication d'une manière générale. Ces références visuelles ne sont pas toujours très bien digérées, voire inutiles. Plus généralement, Placido n'est pas super à l'aise dans les séquences d'action. Ainsi, la scène d'ouverture (le braquage montré dans la bande annonce) fait regretter la gestion de l'espace d'un McTiernan (en prison depuis peu), tant on ne comprend pas qui est où tout le long du braquage.
Ensuite, pèle mêle dans les défauts du film, on trouve les dialogues mal écrits qui arrivent parfois à rendre les acteurs mauvais, un comble vu le casting, et certaines scènes en deviennent complètement superficielles et ne tiennent pas debout deux secondes ; à ce niveau le monologue introductif d'Auteuil fait très peur.
On notera enfin une histoire pas toujours passionnante, faute à un montage monolithique qui ne respire pas. On a même un twist central qui casse un peu l'unité d'action, il y en a que ça gêne et j'en fais partie. Plus problématique, les personnages manquent franchement d'intérêt, et ont même dans l'ensemble un comportement complètement incohérent. Kassovitz en braqueur défenseur des faibles qui n'hésite pas à assassiner de simples flics (mais ça tout le monde a l'air de s'en foutre), ou le final ruiné par le comportement absolument absurde du personnage d'Auteuil, comportement qui aurait pu être facilement justifié par un pétage de plomb, mais non. Et ce n'est pas les exemples d'incohérence qui manquent.
Au final, j'aime beaucoup l'intention de départ du film, à savoir de ramener un France un genre qui n'est pas américain quoiqu'on en dise, et d'utiliser pour ça des aspects typiquement français, ne fusse que le paysage et la géographie ; mais pour le spectateur pointilleux, ces bonnes intentions peuvent être ruinées par des défauts de fabrication assez rédhibitoires...