Après 4 visions du dernier opus du Hobbit 3 : La Bataille des Cinq Armées, dont une en HFR 3D Dolby Atmos, le must pour vraiment pouvoir réellement toucher l'entreprise de Peter Jackson du doigt, et parce que j'en avais un peu assez d'attendre un hypothétique papier des sites que j'aime bien, me voilà à même ami lecteur d'aborder le film dans la quintessence de sa signification et surtout en se lâchant un peu sur les spoilers, analyse oblige. Donc, lis bien cet avertissement, SPOILER SPOILER SPOILER PASSE CES QUELQUES LIGNES, JE VAIS FAIRE PLEINS DE REVELATIONS SUR L'HISTOIRE DU FILM ET SES PERSONNAGES. SI TU VEUX CONTINUER AU-DELA DE CET AVERTISSEMENT, C'EST A TES RISQUES ET PERILS.^^

On ne le redira jamais assez, mais il FAUT VOIR LES FILMS DU HOBBIT EN HFR 3D et de préférence en ATMOS, ce n'est pas du snobisme, ce n'est pas pour faire gagner plus d'argent aux exploitants, c'est parce qu'il faut toujours respecter la vision d'un auteur, et surtout parce que ce procédé fait partie intégrante du processus de "narration" voulu par le réalisateur Peter Jackson et ses scénaristes (lui-même, Philippa Boyens, Fran Walsh, et Guillermo Del Toro). Je n'ai pas la prétention de vous expliquer comment et pourquoi, mais je vous renvoie amis lecteurs vers un site peuplé de passionnés qui sauront vous le retranscrire bien mieux :

http://www.capturemag.net/etat-critique/le-hobbit-une-imagerie-inattendue/

Une fois, ce texte lu, nous pouvons passer à la signification profonde du premier film, et ses symboliques intrinsèques, complètement reliées au parcours de ses héros, toujours chez Capture Mag, toujours par le même :

http://www.capturemag.net/etat-critique/le-hobbit-un-recit-inattendu/

Maintenant que tu sais lecteur attentif, à peu près de quoi il cause le père Jackson, et ses potes, on va pouvoir attaquer le vif du sujet de cet ultime chapitre de la trilogie le Hobbit, et comprendre ensemble pourquoi finalement c'était pas du tout un délire marketing de faire 3 films au lieu de 1 ou 2.

Avant toute chose, ouvre une nouvelle fenêtre ami lecteur, et laisse toi porter par la musique envoutante de Howard Shore pendant la lecture https://www.youtube.com/watch?v=RE5JLhHaYkI

Maintenant que nous voilà entre nains, nous allons pouvoir parler du film dans sa globalité. Le film commence là où l'on avait laissé à la fin du 2, c'est à dire sur Smaug qui a échappé au piège des nains et se rue sur Lacville pour la mettre en pièces avant de retourner faire rôtir les nains et Bilbo dans un deuxième temps.

Je fais tout de suite une pause pour répondre à ceux qui pensent que le deuxième opus auraient dû se terminer sur la mort de Smaug. Ben non, non, 3 fois non, ignorant. Smaug est un des "personnages" centraux du film Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées, si si vous avez bien lu, je n'ai pas abusé des stupéfiants du sieur Radagast, donc le faire mourir à la fin du 2, aurait été un total non-sens. Le cliffhanger de la Désolation de Smaug était un des decipit les plus violents et sombres vu dans les blockbusters de la fin de l'année 2013. Les mots de Smaug résonnaient de manière profondément historique, "Je suis la Mort, je suis en chemin". Smaug c'est la guerre, Smaug c'est l'expression du Mal, mais aussi de la cupidité humaine (ou non), de l'avarice, bref, c'est un antagoniste incroyable, et tellement incroyable que malgré sa mort, son ombre (au sens littéral ainsi qu'au figuré) plane sur tout le reste du métrage, doublement même, puisque son incroyable interprète, le fantastique Benedict Cumberbatch se retrouve thématiquement et cinématographiquement à endosser également le rôle du Nécronomancien (Sauron) dont Smaug n'est finalement que la vision (le cadrage sur son oeil dans le 2). Pas de lien entre eux réellement dans le sens adjudant-subordonné mais plutôt dans le sens adjuvant, un lien ténu sur leur interdépendance en somme.

L'apparition de Smaug au début du film est vécu par le regard de la plus "innocente" des créatures, en l'occurence Tauriel. Sa terreur de Smaug est vécu par le spectateur, avant même que le moindre carnage commence. Puis c'est l'ombre gigantesque de Smaug glissant sur les maisons la nuit qui fait suite à ce regard terrifié de Tauriel. Cette dernière enjoint la famille de Bard et les nains non présent à la montagne du Dragon de quitter les lieux rapidement. Enfin, nous voyons Smaug s'élancer dans les airs en piqué, comme un stucka allemand et enflammer les bicoques des pêcheurs du village lacustre. En parallèle de cette fuite en bateau des nains, de la famille de Bard et de Tauriel, nous suivons la propre fuite du maître (impeccable Stephen Fry dont l'interprétation n'est pas sans rappeler le gouverneur de l'île de Phatt dans Monkey Island) et de son aide de camp, Aldrich avec le trésor de la ville, à savoir certainement les réserves d'or de la ville, donc les économies des pêcheurs et de leur famille. Alfrid est victime de la cupidité du maître (un thème qui reviendra tout le long du film, en s'incarnant dans divers personnages et ce bien après le décès du dragon Smaug) et se retrouve balancé à la flotte au profit du trésor. Bard de son côté, enfermé dans les cellules du maître tente une évasion qui aura pour effet de manquer d'étrangler le maître, comme une réponse "divine" à sa cupidité. Le maître ne meurt pas mais la cellule vétuste est arraché, et voilà Bard libre. Ce dernier, au lieu de fuir, agit comme un vrai héros, en fracturant l'armurie de la ville et en récupérant un arc et un plein carquois de flêche pour tenter une action désespérée du haut d'un clocher, le point le plus haut de la ville. Smaug continue sa destruction et au détour d'un virage à travers le village attaqué, le fils de Bard, Bain aperçoit son père qui combat et qui rivalise de talent, puisqu'il fait souvent mouche sur le dragon, mais sa carapace est épaisse et il manque l'élément qui peut la percer mais que seul le fils de Bard pourra amener à son père, une flêche noire. Bain fuit le bâteau des nains, et laissant ses soeurs désemparées, il rejoint son père pour lui amener l'élément qui manque pour la destruction de Smaug, la flêche noire. Smaug passe son attaque sur Bain et Bard et il détruit à moitié le clocher qui les abrite. Dans l'attaque, l'arc de Bard est détruit et ce dernier plantant les morceaux de son arc dans le bois du clocher se sert alors de son fils comme d'un guide (à tous les sens du terme) pour la terrible flêche noire. Smaug s'élance avec la fatuité et l'orgueil qui le caractérise et en paie le prix. Dans une séquence la plus forte en émotion picturale, on avait pas vu une séquence aussi forte depuis l'attaque puis la mort du Kaiju volant dans les nuages de Pacific Rim, Smaug embrasse son trépas, et vit son agonie au firmament de Lacville avant de s'effondrer, terrassé par la mort sur la barque du maître de Lacville, on est toujours puni par là où on a péché. Smaug décédé, la bataille pour la montage commence, et Thorin se réfugie dans la montagne en quête de l'Arkenstone, même Arkenstone que Bilbo a subtilisé au dragon dans l'épisode précédent et caché dans ses haillons.

On récupère ensuite Gandalf, prisonnier des Orcs et de leur maître, puis Galadriel arrive et aidée de Elrond et de Saroumane, elle positionne les enjeux qui vont traverser la Terre du Milieu dans le Seigneur des Anneaux. Jackson et son équipe de scénaristes réussit là où même Tolkien qui en rêvait pourtant beaucoup n'a pu réussir, créer un vrai pont narratif entre les évènements du Hobbit et ceux du Seigneur des Anneaux. Les générations futures pourront commencer par la trilogie du Hobbit et être quand même totalement surpris, lorsque Saroumane franchira le côté lumineux, alors que nous autres, nous voyons avec un brin de malice la phrase "je me charge de Sauron" car nous savons déjà le destin de Saroumane. C'est une idée proprement géniale d'avoir associé cette séquence au reste car loin d'affaiblir les enjeux narratifs de la Montagne, elle ne fait que les renforcer au contraire. On pourra toujours déplorer le côté "after effects" de Galadriel, mais personnellement, j'ai vécu cette séquence avec beaucoup d'émotion au contraire, alors même que je ne suis pas un fan du Seigneur des Anneaux la communauté de l'anneau en film.

Une fois, le destin de Sauron réglé (du moins en apparence), on revient à Lacville pour trouver dans une séquence trés inspirée du débarquement du soldat ryan, la conséquence de l'attaque et de la chute de Smaug, un village quasiment entièrement détruit d'où ne subsiste plus que des bouts de bois flottants et une population aux abois. Dans cette désolation de Smaug (l'ancien surnom de Lacville dans le roman), Jackson fait émerger du comic relief par les interventions cyniques ou humoristiques de Alfrid le bras droit du maître, personnage totalement inventé par Jackson et ses scénaristes mais qui sert parfaitement de lien à la trilogie du SDA en rappelant l'obséquieux Grima langue de serpent comme lui l'archétype du sycophante, sournois, vil et manipulateur. On se croirait presque chez Shakespeare, tant cette capacité à lier le tragique et l'humour est présente dans ce troisième opus. Alfrid donc manque de peu de se faire lyncher par la foule en colère et ne doit son salut qu'à l'intervention de Bard. Alfrid propose à Bard d'être le roi de Lacville mais ce dernier décline car il ne se sent pas les épaules pour endosser cette tâche (qu'il finira in fine par endosser d'ailleurs, bien malgré lui, mais c'est là qu'est tout l'intérêt de l'arc narratif de Bard, c'est qu'il se rapprochera au plus de sa fonction de Roi, tout en faisant tout pour s'en éloigner et servir les intérêts de sa famille avant tout). Bard demande à tout le monde de se mettre à l'ouvrage et de rassembler des vivres pour partir vers la montagne réclamer son dû à Torin.

Pendant ce temps Thranduil, fait route vers la Montagne pour réclamer lui aussi son "dû", la couronne des gemmes de son peuple. Thorin sombre peu à peu dans la folie, et Bilbo hésite à lui avouer que c'est lui qui détient l'Arkenstone. Bard vient négocier sa part du trésor mais il se heurte à un Thorin aussi fou que son propre grand-père. Bard a sauvé l'honneur des ancêtres en terrassant Smaug avec une flêche noire et à l'aide de son arc comme dans le roman mais le périple de Thorin commence à son tour. Thorin refuse de négocier avec Bard et Thranduil, il devient de plus en plus mutique, et obsédé par l'or. Il devient également paranoïaque en discutant avec Bilbo qu'il imagine le seul loyal, puis doute aussi de la confiance de ce dernier en accourant vers lui quand Bilbo tient quelque chose dans sa main, qui s'avère être un gland ramassé dans le jardin de Beorn. Thorin dans cette scène magnifique redevient pour un temps, le Thorin ami de Bilbo, celui qui a entrainé ce petit bonhomme, bien loin de son confort et de sa vie, celui qui n'est pas un héros et qui se retrouve vêtu pourtant d'une côte de maille en Mithril. Mais cet instant de grâce ne dure pas et petit à petit Thorin se transforme par un jeu de lumière, une interprétation sans faille de Richard Armitage et des effets sonores en l'ennemi qu'il a toujours combattu, Sssssmaug, pendant que les nains défilent au ralenti vers la Guerre. Cette scène d'ailleurs résonne et raisonne tout le long du métrage avec plusieurs autres dans le basculement dans la folie de Thorin.

Les elfes s'allient à Bard et décident d'attaquer la Montagne et son roi, mais Bilbo de plus en plus peiné par le comportement de Thorin, se fait la belle et fonce dans le camps des Elfes-Humains pour proposer l'Arkenstone pour traiter avec Thorin. De son côté, Legolas et Tauriel vont à Gundabad et découvre l'armée de Bolg qui se prépare au combat. Bilbo retrouve Gandalf et ce dernier le fait surveiller par Alfrid qui l'entraine en l'appelant en vf stupide Hobbit... Loin d'être un simple comic relief d'allusion au SDA, cette phrase dans la bouche d'Alfrid l'associe de manière totalement inconsciente pour le spectateur avec Gollum, dont Alfrid partage la soif de l'or et de pouvoir. Mais Bilbo fausse compagnie à Alfrid et rejoint les nains. Les orques menés par Azog passent par sous les montagnes, aidés par les Mange-Terres qui leur ouvre une issue. Les humains et les elfes se rendent à la porte de l'Antre du roi sous la Montagne et ils exhibent l'Arkenstone. Thorin croyant à une ruse, rit sous cape, mais Bilbo dévoile la vérité. Thorin fou de rage demande à jeter Bilbo par dessus les remparts mais Gandalf surgit et demande à récupérer le cambrioleur sain et sauf. Les humains menés par Bard et les elfes menés par Thranduil demandent si Thorin veut la paix ou la guerre. A ce moment donné, un corbeau arrive vers lui et il comprend que son cousin Dain, vient d'arriver avec ses troupes, il répond donc la guerre. Dain s'avance et va commencer à se battre contre les elfes, quand soudain, les mange-terres finissent leur travail de sape et l'armée de Azog (dans le livre, il s'agit de Gobelins et de Wargs) surgit sous leurs pieds quasiment. Face à cette nouvelle menace, les nains et les elfes s'allient et le combat commence.

Le combat, on s'en fout, c'est un combat, ça se vit, ça se raconte pas, donc passons à la résolution des arcs des personnages, et à la symbolique de leurs parcours. Thorin, pendant que la bataille fait rage, se dispute violemment avec Kili, puis avec Balin et Dwalin qu'il menace quasiment de mort, le Mal du Dragon s'est totalement emparé de son âme, et il est en train de devenir fou comme son grand-père. Mais, quittant le combat, combat dans lequel son cousin Dain est en train de perdre et son peuple en train de se faire massacrer, il se retire dans la salle au parquet d'or, la même salle qui était dans le deuxième film, l'endroit où a été piégé la fierté et l'orgueil de Smaug, en plus de son avarice. Thorin va se confronter à sa soif de l'or, en soignant le mal par le mal, et dans une scène digne de la scène de folie de Mumble dans Happy Feet, ou du Roi Lear ou d'Hamlet pour rester chez William le grand, il va entendre toutes les voix de ses amis et ennemis se mélanger dans sa tête, avec en plus la réminiscence de la faute grand paternel ("je ne suis pas mon grand père" revenant plus de 3 fois dans sa torture mentale), puis se laisser engloutir par sa soif d'or pour mieux la combattre, car il comprend bientôt que pour résister à la plus grande des tentations, le meilleur moyen c'est d'y céder complètement.

Ainsi, dans une scène magnifique, où l'ombre de Smaug vient lui glisser sous les pieds dans le parquet, avant que tout le parquet ne devienne un immense sable mouvant qui l'engloutit littéralement, Thorin combat son ascendance pour assurer le futur de sa descendance. Cette scène magnifique aura d'ailleurs une vrai correspondance dans le combat final contre Azog mais on en reparlera en temps voulu. Il sort de cette transe complètement changé, et redevient le roi sous la Montagne qu'il n'a jamais réellement cessé d'être. Il effectue une sortie en défonçant à l'aide de la grosse cloche de la Montagne les barricades que sa folie lui avaient fait ériger et c'est une armée rassérénée par l'irruption de son roi qui rejoint la bataille.

De son côté, Bard sauve la vie à ses enfants, et se positionne encore plus en futur roi de Lacville sans jamais en avoir souhaité le dessein. Et Alfrid, le côté obscur de Bard lui, prouve un peu plus sa couardise et sa fausseté, en désertant le champ de bataille pour une jarre de pièce d'or, rejoignant encore plus Grima et Sméagol dans le savoir du spectateur de la trilogie. Chacun est dôté de ce qu'il recherche, dans un superbe travelling digne de Last Action Hero de John Mc Tiernan, à la question, "pourquoi refuser d'être le maitre et de prendre le pouvoir", Bard dévoile sa famille derrière lui avec le thème de Bard de Howard Shore.

Thranduil, voyant son peuple décimé et le nombre d'elfes morts pour la folie des nains, et de Thorin surtout, décide de lever le camp, mais il se retrouve face à Tauriel qui le menace de son arc, lui disant que son coeur est fermé à l'amour et que les nains vont se faire massacrer sans leur aide. Thranduil fend l'arc de Tauriel en deux, et la menace de son épée mais Legolas intervient et par amour pour celle qui ne l'aime pas, sinon par respect pour les convenances de sa race, et lui emboite le pas pour aller sauver Kili.

Bilbo fidèlement au livre de Tolkien est assommé au quasi début du combat, sauf que c'est dans Ravenhill et ne participe que de trés loin à l'assaut final. Fili et Kili sont tués par Azog et Bold, respectivement, donnant enfin à cette phrase "et dans la bataille des cinq armées, furent tués, Fili, Kili et Thorin", le flot de larmes que j'ai toujours désespéremment regretté de mes 20 lectures du livre même si leurs morts est quand même touchante du fait de l'attachement qu'on ressent pour eux pendant la lecture mais rien ne remplacera jamais l'image. Fili meurt en combattant, piégé par l'immonde Azog qui le poignarde et le jette à bas des remparts sous les yeux de son frère Kili qui ne pourra même pas lui dire adieu, et Kili lui meurt, poignardé par Bolg sous les yeux de sa dulcinée (entre temps, Legolas, vient se battre avec Bolg pour sauver Tauriel) mais en combattant lui aussi.

Thorin, affronte Azog sur la glace, dans un combat qui rappelle par sa mise en scène, le combat contre l'or, puisque se servant de la propre suffisance de Azog, il entraine ce dernier dans un piège nautique où chacun joue sa mainmise sur un territoire (encore une scène aux résonnances vertigineuses), et lorsque Azog comprend qu'il a été feinté, c'est trop tard, il coule et passe sous la glace devant Thorin, rappelant en cela au spectateur, que le Roi des Gobelins, Smaug et Azog étaient autant de figures perverties de ce qu'aurait pu devenir Thorin si il avait succombé à sa soif de l'or. Azog jailli de l'eau et tue Thorin, qui meurt en combattant, mais surtout qui laisse glisser son épée, ce "suicide" lui permettant de poignarder à son tour Azog à mort. Les Les Aigles jaillissant de derrière l'épaule de Thorin au ralenti, et venant ainsi sublimer le roi sous la Montagne. Thorin n'a pas sa place dans un monde ainsi fait, et comme le dit Balin à la fin à Bilbo, "des histoires seront comptées, des chant seront chantés et Thorin deviendra une légende". Ainsi s'éteint la lignée de Durin, dans la bravoure.

Bilbo se réveille de sa torpeur, et court vers Thorin, agonisant. Ce dernier dit adieu à Bilbo, s'excusant pour son attitude indigne d'un roi, il lui enjoint de quitter la Montagne et de rentrer chez lui planter ses arbres, et les regarder pousser, et il déplore que le monde soit si peu rempli de gens plus intéressé par la culture de leur jardin que par l'or et le pouvoir. Après cette sentence digne du Candide de Voltaire "tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles dit Panglophe, oui mais il faut cultiver notre jardin répondit Candide", il meurt pardonné, pendant que Bilbo dans une séquence tragique touchant au sublime, montre les Aigles à son ami qui n'est déjà plus de ce monde, frissons et sanglots en perspective.

Thranduil rejoint son fils et Tauriel, Legolas s'engouffre dans le tunnel et dos à son père lui dit qu'il ne rentrera pas. Son père lui conseille d'aller chez les Dunedains, voir un jeune rôdeur qui à eu un père trés bien et qui promet lui d'être exceptionnel. Le raccord avec Grand Pas est effectué pour le spectateur, et ce même si Aragorn a probablement dix ans environ. Tauriel dont l'histoire avec Kili sert finalement à montrer la future amitié entre les nains et les elfes, préfigurant le "couple" Gimli-Legolas demande dans une scène que n'aurait pas renier encore une fois Shakespeare a être délesté de l'amour si cette souffrance s'y apparente, ce à quoi Thranduil répond que si elle souffre tant c'est probablement que cet amour est vrai, faisant par là même comprendre, que si lui ne pleure pas la mère de Legolas et sa femme, c'est parce que ce n'était qu'un mariage arrangé de classe et certainement pas le "true love" dont parle Thranduil. Quand à la phrase de Thranduil, elle prend une grande signification, une "vertigineuse signification même", lorsqu'on la rapproche de toute l'entreprise Jacksonienne, à savoir l'intérêt de la HFR pour rendre réel et palpable la Terre du Milieu comme prolongement du réel, et non comme une simple histoire ou légende (pour reprendre le propos attribué plus tard par Balin à Thorin) (copyright également de l'idée, Denys Corel, du moins si on l'a compris dans le même sens).

Bilbo se laisse aller à sa douleur, et finit par s'assoir sur une pierre, pendant que les nains revenus du combat victorieux se laisse aller eux-aussi en rendant un dernier hommage à leur roi. Gandalf arrive, et dans une scène muette magnifique où Gandalf ne sachant que dire pour lui apporter un peu de réconfort, et Bilbo portant tous les stigmates de la fin de son voyage initatique lui aussi mutique, se comprennent dans leur souffrance quand le Magicien gris s'occupe en nettoyant sa pipe.

S'ensuit une deuxième magnifique scène, où la phrase sur la légende de Thorin est prononcée par Balin et où Bilbo, répond "il n'était pas ça pour moi, il était, il était, il était" mais aucun mot ne sort car la douleur est encore trop forte. La séquence se conclut par Bilbo qui demande à Balin de dire au revoir aux nains pour lui, et ce dernier lui sourit tristement en lui conseillant de le faire lui-même, à ce moment, tous les nains moins trois sont alignés devant la porte de la Montagne, eux aussi à jamais changés, et Bilbo les convient avec une touchante émotion à venir boire le thé, un jour ou l'autre, sachant pertinemment qu'il leur dit en réalité ici adieu.

Bilbo part en emportant le bouclier de Kili sur ses épaules et son 1/14 du trésor, un coffre d'or et d'argent.Gandalf chemine avec lui et parvenu aux abords de Hobbit-bourg, ce dernier lui dit à son tour adieu, en lui disant de faire attention, qu'il sait que Bilbo a en sa possession un anneau de pouvoir, (sans dire que c'est l'anneau unique, donc le lien avec le SDA est maintenu) et qu'il faut faire attention avec ce genre de magie noire, ce à quoi Bilbo répond qu'il l'a perdu pendant la bataille. Gandalf disparaît et Bilbo retrouve son foyer, entièrement perturbé (tout le monde le croit mort et on est en train de vendre ses affaires aux enchères). Il redonne son identité, car il a changé physiquement et même sa propre société ne le reconnait pas ou fait mine de ne pas le reconnaitre. Il donne comme preuve le contrat de Thorin, et entendant son nom par le commissaire priseur, il peut enfin dire, la douleur étant un peu atténuée : "il était mon ami".

Bilbo pénètre dans sa maison vide et vidée de toute présence, le spectateur attentif, se rappelle des scènes d'entrées des nains dans le 1 et comprend toute l'importance que leur absence revêt dans le 3. La musique de Howard Shore rejoint d'ailleurs dans ses toutes premières notes lorsque Bilbo pousse la porte de sa demeure vide, la puissance évocatrice primale de celle de Michael Giacchino dans Lost. Bilbo se penche et ramasse le portrait de ses parents qu'il raccroche au mur, rejoignant la thématique de Bard sur l'importance du "foyer", et il s'assied dans un fauteuil, alors que par un effet de caméra (contreplongée, visage de profil et semi-grimaçant), on s'aperçoit que l'anneau unique est en train d'essayer de le changer en un nouveau Sméagol. En un raccord mouvement sur l'anneau et sa main ridée, on retrouve le vieux Bilbo, et la fin comme elle est écrite dans le roman "Et pour les trés vieux amis ? Gandalf ! ... Avec la finesse qui le caractérise, Jackson délaisse les retrouvailles visuelles pour pouvoir cadrer une autre forme de retrouvailles, la carte qui témoigne de toute l'aventure passée, et de celle à venir par la descendance de Bilbo. Le lien est fait, ce Hobbit 3 annonce et réussit quasiment tout ce qu'il a entrepris depuis le premier film, à savoir faire ce que Tolkien a toujours voulu faire mais jamais pu réaliser, faire du Hobbit, une nouvelle trilogie apportant un lien efficace et réel avec la trilogie du Seigneur des Anneaux.

Le générique de fin est tellement magnifique, et approprié, par la si belle voix de Billy Boyds que je ne peux que me résoudre à vous laisser quitter ce blog et la Terre du Milieu au son de sa voix et des premières paroles de la chanson : https://www.youtube.com/watch?v=r5dKnhgIQpA

I saw the light fade frome the sky

On the wind i heard a sigh

As the snowflakes cover my fallen brothers

I will say this last goodbye

[...] I bid you all a very fond farewell.
GilK
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le 5 janv. 2015

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