5 petits conseils, afin d'achever vos derniers espoirs

Cet avis ne contient aucun spoiler, il n'a pour but que d'avertir les âmes généreuses qui se lanceront dans le visionnage de ce troisième opus, en dépit des deux premiers. Voici 5 raisons - tout à fait subjectives, bien entendu - pour ne pas aller voir le Hobbit : La Bataille des 5 armées.

Si, lecteur dans l'âme, vous avez adoré l'oeuvre de Tolkien, si vous espérez retrouver l'atmosphère légère et féerique du livre, n'allez pas voir ce film ! Vous êtes sur le point de passer trois - longues - heures, la tête entre les mains, pleurant sur le cadavre encore chaud de votre édition de poche de Bilbo le Hobbit.
Mais enfin ça, en même temps, je pense que vous l'aurez déjà compris au visionnage des deux premiers films !

Si, grand admirateur de Peter Jackson, vous espérez retrouver ce qui vous avez fasciné dans la trilogie du Seigneur des Anneaux, n'allez pas voir ce film. Alors oui, on y retrouve plein de beau monde (Legolas, Elrond, Galadriel), mais n'espérez pas pour autant que le film s'attache à développer la psychologies de ses personnages. Non, il se contentera de quelques clichés, du fan service bien lourdaud, et puis... bah... voilà !

Si, fan éperdu de Benedict Cumberbatch, vous espérez vous laisser bercer par la voix profonde de Smaug, n'allez pas voir ce film ! Vous allez vite déchanter en voyant le temps accordé au "redoutable" dragon. Une affaire vite expédiée, en somme !

Si, cinéphile féru d'effets spéciaux en tous genres, vous espérez en prendre plein les yeux, n'allez pas voir ce film ! Enfin, sauf si les scènes dégoulinantes de fonds verts et d'effets numériques ne vous gênent pas... Dans ce cas, rassurez-vous, elles couvrent la quasi-totalité du film. Si Peter Jackson avait voulu faire du Hobbit un film de divertissement pur et dur, avec des scènes d'action complètement invraisemblables, il n'avait qu'à le dire. Clairement. Simplement. Et dans ce cas, voir Legolas défier complètement les lois de la gravité, ou voir débouler les vers de Dune au beau milieu des combats, aurait peut-être eu plus de sens. Peut-être !

Et enfin, si, spectateur pragmatique, vous n'attendez qu'une chose : la bataille finale, n'allez pas voir ce film. On ne peut pas dire que la bataille soit décevante. On retrouve bien la folie des grandeurs qui marquait déjà les scènes épiques du Seigneur des Anneaux. Mais tout est considéré sous un angle tellement cliché, tout est exagéré à l'extrême, à tel point que l'on ne se soucie même plus de ce qu'il se passe à l'écran. On ne fait plus que regarder, d'un œil indifférent, en attendant la conclusion.
Et puis, sérieusement : vous trouviez que l'orque à tête de patate, dans le Retour du Roi, était un brin ridicule ? Attendez de voir de valeureux guerriers dévaler la montagnes à dos de chamois ! Ça fout un coup au prestige !

En fin de compte, qu'est-ce qui pourrait, malgré tout, vous donner envie de voir ce film ? Tout d'abord, les acteurs. Martin Freeman, Richard Armitage et Ian McKellen (malgré le rôle un chouïa ridicule de Gandalf) sont les gros gros atouts du film. On pourrait bien entendu rajouter Evangeline Lily et Luke Evans, qui s'en tirent très bien, malgré des rôles plus que clichés. La psychologie un peu plus développée de Thorin représente également un avantage.
Ensuite, la fin, la meilleure partie du film selon moi. Le retour à Hobbitburg était peut-être supposée être la plus légère et la plus détendue : de mon point de vue, elle est au contraire la plus poignante (bien plus que les intrigues à l'eau de rose qui n'apportent absolument rien à l'histoire). Peter Jackson a réussi à boucler la boucle avec le début de la Communauté de l'Anneau avec efficacité. Les apparitions du Nécromancien auraient été dispensables mais apportent une sous-intrigue qui, pour une fois, n'est pas inutile et amènent un souffle d'air bienvenu entre deux scènes de bataille.
Enfin, la musique. Attention, elle n'est toujours pas au niveau des compositions du Seigneur des Anneaux, mais on reconnaît toujours la marque d'Howard Shore. Sans être une Bande Originale qui marque les esprits, elle apporte, elle aussi, une bouffée d'air frais qui allège quelque peu les lourdeurs du film. Sans parler de la chanson finale, interprétée par Billy Boyd, qui est, pour moi, tout simplement sublime.

Pour achever cette critique qui, à l'image du Hobbit, est bien trop longue, je ne ferais que citer la "suspension volontaire d'incrédulité" d'Oscar Wilde. Si l'on ferme les yeux sur ses scènes et ses personnages clichés, sur ses effets numériques bien trop présents, sur ses sous-intrigues inutiles et sur ses maladresses un peu lourdes, Le Hobbit serait presque ce que l'on appelle du bon divertissement. J'ai bien dit "presque" !