Quelques jours avant la présumée fin du monde, la "jeunesse" de Bilbo(n) nous est enfin contée par Peter Jackson. Il faut avouer que depuis 1995, époque où Jackson voulait déjà porter le récit de Bilbo(n) à l’écran, il avait été confronté à des soucis de droits d’adaptation. S’en sont suivis, vers 2005, des différents avec la production (New Line principalement) qui ont rendu l’adaptation de plus en plus hypothétique.... Un peu plus tard, Jackson désigne Guillermo Del Toro comme réalisateur (voilà comment on aurait pu imaginer sa touche personnelle : http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/A-quoi-aurait-ressemble-Le-Hobbit-de-Guillermo-Del-Toro-3595640). Finalement, les malheurs multiples n’ont pu ébranler la confiance qu’avaient les fans (et non fans) d’heroic-fantasy attendant cette espèce de prologue aux Seigneurs des anneaux. Il faut dire que le cinéaste barbu avait clairement fait ses preuves entre 2001 et 2003 avec la « première trilogie ».

Les aficionados attendaient ce nouveau monument cinématographique s’inspirant naturellement du roman de 1937. Bilbo(n), ce one shot de quelques centaines de pages, va connaître près de douze heures d’images d’ici à 2014 (sans compter les éventuelles versions longues). Ainsi, dès le départ, on découvre l’effet inverse de la trilogie déjà réalisée. Au lieu d’escamoter des passages de la version littéraire, vu le contenu d’origine, Peter Jackson va étoffer le récit et le rendre plus épique. Car il est un fait que le roman d’origine (voir ma critique, si l’envie vous en prend à l’adresse suivante : http://www.senscritique.com/livre/Bilbo_le_hobbit/critique/14826071) était assez léger, mécanique – c’est ainsi que je le voyais, en tout cas – et plutôt destiné à des lecteurs plus jeunes. Peter Jackson va donc rajouter des personnes et des séquences. Pas de craintes à avoir puisque le réalisateur reste tout à fait cohérent en venant ajouter des éléments des nombreux appendices de l’univers de la Terre du Milieu.

Alors que le livre n’amène qu’un enjeu unique, Jackson, ayant pris la décision de créer un tryptique cinématographique, va intégrer d’autres retournements de situation et d’autres problématiques dont l’apparition d’Azog, l’orque étant à l’origine de la haine que ressente les nains pour ce peuple, ou encore Radagast le brun, ce magicien que l’on évoque dans Le Silmarillion et dans les versions littéraires du Seigneur des Anneaux. Des ajouts particulièrement cohérents qui permettent de rendre l’univers encore plus riche. On notera, par exemple, l’introduction de l’inquisition du dragon Smaug à Erebor dès le début du film, donnant une consistance certaine à l’histoire.

"Bilbo le Hobbit", le livre, est particulier dans le sens où de nombreux thèmes chantés jalonnent le récit. À première vue, Jackson ne conservera que le thème des nains. Avec des touches celtiques, le chant diphonique créé par Howard Shore, « Misty Montains » (et « Song Of The Lonely Mountain » pour le générique de fin) sera la base mélodique de nombreuses compositions dans la bande originale. Pour le reste, le compositeur canadien reste dans les mêmes tons que pour sa précédente collaboration avec Jackson. Des thèmes récurrents refont surface, évidemment, tels que le thème de la Comté, de Fondcombe ou encore de Gollum. Une symphonie qui paraît peut-être moins impressionnante qu’à la première écoute de celle du Seigneur des Anneaux mais qui représente toujours le duo parfait entre ses compositions et les mises en image de talent de Peter Jackson.

Le premier film de la trilogie de Bilbo(n) profite de toutes la technologie visuelle que le public est en droit d’attendre (ou non...). La 3D, souvent considérée comme un vulgaire subterfuge promotionnelle, vaut partiellement la peine et aide à immerger le public. Ensuite, la fameuse version « 48 images/secondes »... a été volontairement évité, pour ma part. Lisant ici et là que les décors et les effets spéciaux pâtissent de ce niveau de réalisme... J’ai considéré suffisant de se laisser porter par du classique vingt-quatre images par seconde...

Le premier épisode de l’aventure tumultueuse de Bilbo(n) se révèle être une franche réussite. Près de trois heures sans grand temps mort. La signature de Peter Jackson est bel est bien là. Peut-être un peu trop présente, on se retrouve avec un canevas très – trop ? – proche de celui utilisé pour le Seigneur des Anneaux. Cela reste un grand moment, surtout avec la transposition de scène d’anthologie dont mention faite à la séquence de devinettes entre Gollum et Bilbo(n) ou la scène « finale » bien plus épique que dans le livre. En parlant de « final », contrairement à La Communauté de l’Anneau, Un voyage inattendu se clôture de façon bien moins frustrante, comme la fin d’une chanson avec un accord particulièrement adapté. On aurait pu s'attendre à des creux scénaristiques ou des incohérences mais Peter Jackson connaît bien son auteur et les deux prochains volets s'annoncent d'ores et déjà brillants... Vivement la bataille des cinq armées !! Merci monsieur Jackson.
Gaeru83
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Créée

le 15 déc. 2012

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Gaël Barzin

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