Quand Hollywood ne sait pas dire stop
Après avoir vu ce film, maintes fois je me suis demandé pourquoi la sauce ne prenait pas avec moi. Étrangement, tout le monde semble s'enthousiasmer sur ce film et sur cette nouvelle trilogie alors que pour ma part, vouloir à tout prix continuer à tirer le filon d'une série déjà finie ne m'enchante pas le moins du monde. Encore un film qui aura été tourné de manière à plaire aux fans de la première heure mais sans se donner la peine d'être vraiment imaginatif pour un sou?
Eh bien mon intuition première aura été la bonne.
Notons que le minimum vital aura été fait. Comme d'habitude, nous aurons droit à ces somptueux paysages de la nouvelle Zélande, signe que oui c'est le Seigneur des Anneaux, et que oui on voyage dans des paysages gigantesques. La bande son n'est pas en reste puisque qu'on retrouve sensiblement le même genre de pistes. Un amoureux nostalgique de la première série ne pourra que s'en réjouir. Sauf que le problème est le suivant: Bilbo était un petit livre, de ce fait peu de décors, de villes, de lieux n'avaient été encore inventé. Et cela se ressent durant tout le film puisque notre équipe se contentera pendant tout le long de cette chianlie de se balader dans les montagnes, encore et toujours. Aucune grosse ville telle la ville des Elfes dans le premier, le Rohan dans le deuxième et enfin Minas Tirith dans le dernier. Strictement aucun effort n'aura été fait de ce coté là. Bilbo le Hobbit, c'est le Seigneur des Anneaux mais l’imagination en moins. Au moins avons nous des montagnes ce qui est déjà bien, ainsi qu'un repaire de gobelins quasi copié collé sur les Mines de la Moria de manière totalement flagrante. Au niveau de l'imagination, les efforts faits sur ce film ont été rachitiques et ne s'en cachent même pas. Comment réussir à surfer sur une recette qui a déjà marché par le passé mais sans vouloir se casser le cul à créer un univers? Ce film répondra très bien à cette question.
Le fait que le film se base uniquement sur un seul petit livre de Tolkien se ressent énormément à chaque instant. Chaque petite séquence du livre durant quelques pages dure désormais de nombreuses et longues minutes, il n'y a qu'à voir le passage où le groupe se fait capturer par les trolls ou encore les innombrables combats contre des gobelins. Très vite, on s’aperçoit que le film n'a rien à nous dire et que hormis cette petite quête des nains de 200 pages voulant retrouver leur royaume, le film lui même s’enlise constamment dans cette facilité d'écriture crasse qui consiste à allonger chaque fucking scène à la manière du dessein animé de Dragon Ball Z. Si les producteurs avaient voulu jouer honnête avec le spectateur en pondant non pas trois mais un seul film, je n'aurais certainement pas crié au scandale, car après tout le Hobbit -rappelons le- n'est rien d'autre que le premier livre de Tolkien censé faire la liaison avec le Seigneur des Anneaux, son oeuvre majeure. Il n'a jamais été pensé en tant qu'univers étendu devant s'étendre pendant 104 ans. Non! C'est une introduction, et une introduction se doit d'être courte parce qu'une introduction sert à "introduire" et pas à s'étirer à l'infini dans le seul but de faire raquer du fan.
Autre point notable hormis le vide scénaristique et le vide imaginatif, c'est aussi le peu d’intérêt qu'on porte aux personnages.Il y a beaucoup trop de nains, on ne retient pas leurs prénoms, on ne les distingue jamais les uns des autres, et enfin on ne s'attache à personne. Gandalf et Bilo ayant déjà leur capital sympathie auprès des fans ne comptent pas. Logique puisque les meilleurs persos n'étaient pas encore inventés et que le casting sent tellement le boudin qu'ils se sont sentis obligés de faire une apparition caméo de Legolas dans la Desolation de Smaug. Mais pour rester sur Un Voyage inattendu, force est de constater qu'on s’inquiète nullement du sort des nains, ils ont tous la même bouille, on ne les distingue même pas durant les batailles. Qui est qui et qui fait quoi? Impossible à dire et d'ailleurs tout le monde s'en fout. Car en plus de nous offrir un casting brouillon qui serait passé comme une lettre à la poste si le film avait été court, le film s'écarte complètement de la dimension épique du Seigneur des Anneaux. Ici, plus de drame, ni de tension dans les affrontements, on est plus dans de la franche rigolade entre copains. Ici on ne craint plus une menace terrifiante comme Sauron, on rigole avec les potes en cassant du gobelin et en chantant des chansons. Plus aucune magie ni fantaisie, on suit avec bonhomie ce groupe de clones nains, accompagnés d'un Hobbit (qui arrive à tuer des gobelins alors qu'il n'a jamais tenu d'épée de sa vie) et d'un magicien (qui s'il lançait ses sorts les plus puissants aurait vite eu fait d'écourter la quête). Bref, on ne ressent plus aucuns enjeux, il n'y a plus rien hormis un produit estampillé "Seigneur des Anneaux". Bref, pour ma part, je me suis ennuyé profondément et je me félicite de ne pas avoir payé ma séance pour voir Bilbo.
Dans Bilbo, on ne craint plus rien, on ne demande pas comment nos héros vont pouvoir s'en sortir. Au contraire, on se demande par quel concours de circonstance grotesque et pitoyable nos héros vont-ils encore trouver le moyen de buter de l'ennemi dans la joie et la bonne humeur. Le pire étant encore de savoir que tout notre casting a survécu à l'aventure, il n'y a donc du coup, aucune tension,surprise ou découverte puisque nous savons déjà que le groupe a réussi sa mission et s'en est sort indemne au début du Seigneur des Anneaux via le récit de Bilbo lui même. Bon sang, mais comment ne pas s'ennuyer ferme devant ce meli melo de scènes absurdes et puériles?
J'aurais toujours cette répulsion envers le too much et le marketing à l'extrême, cette volonté de vouloir à tout prix poursuivre même quand il est évident qu'il n'y a plus rien à raconter depuis des lustres. Cette nouvelle trilogie ne fait pas exception à la règle, longtemps je me suis demandé pourquoi les producteurs ne s'étaient pas plutôt penché sur le passé de Sauron et sur la création de l'Anneau. Longtemps je me suis demandé pourquoi, personne n'a voulu se creuser les méninges et nous offrir une vraie extension du Seigneur des Anneaux. Sans doute parce que Hollywood n'est pas Tolkien. Sans doute parce que contrairement à lui, ils sont incapables de créer un univers décent. Bref, sans doute parce que le Hobbit est une belle imposture qui ne convainc pas et qui ne m’implique pas. Allez savoir.