J'étais très mitigé à la sortie de salle du Jeune Ahmed. Et j'ai pas compris lorsqu'il a remporté le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes. C'est vrai qu'avec son style cru et épuré, le dernier film des frères Dardenne ne peut laisser indifférent, surtout avec un tel sujet d'actualité en toile de fond. Ce portrait d'un enfant radicalisé est raconté sans artifices dans les émotions ou dans la mise en scène. Rien n'est forcé, un peu à l'image d'un documentaire qui s'empare du moindre instant sans se soucier d'un rendu cohérent. En tant que spectateur, tout nous parait sobre mais étrangement captivant. L'adieu à la nuit a récemment abordé le même sujet, avec plus de nuances émotionnelles et Le disciple avec davantage de théâtralité. Le jeune Ahmed n'est donc pas le premier à tenter de percer l'inexplicable et son "vide" a tendance à laisser dubitatif. En effet, le film ne nous donne jamais ce qu'on attend, que ce soit des réponses, des motifs ou des émotions. Et c'est sans doute la force et la faiblesse du film. En fait, dans ce grand rien se raconte beaucoup de choses.
C'est vraiment à double tranchant. D'un côté, c'est cinématographiquement pauvre mais de l'autre, cette simple observation aiguë d'un quotidien crie une violence sans prôner aucune vérité. Personnellement, j'ai été gêné par le manque de charisme de Idir Ben Addi tout comme celui des acteurs secondaires qui frôlent l'amateurisme (excepté la mère). C'était même déstabilisant par moment. Personnellement, je n'ai pas eu de claque, ça ne m'a pas secoué. La fin simpliste m'a laissé perplexe. Le personnage est trop contenu et n'évolue pas assez à mon goût pour être percutant. Les scènes fortes manquent à l'appel, ce qui fait pencher la balance du côté du documentaire et non du drame. Mais le parti prix de montrer le strict minimum, par ce "vide" (scénaristique, émotionnel, absence de musique...), fascine et attise notre curiosité.