Un ping-pong verbal fabuleux !!

Mankiewicz, un peu dépassé par son époque, voulait revenir à un cinéma plus proche du théâtre, et basé sur l'humain ; il est de ceux qui ne comprenaient pas le progrès.
Son dernier film est un modèle de simplicité ; deux hommes s'affrontent verbalement à propos de la femme de l'un, qui est la maitresse de l'autre.

Le pitch, aussi simple, ne laisse pas supposer un film aussi fabuleux que celui-là, un de ceux qui font encore croire au cinéma et que mille fois, la forme ne peut qu'aller avec la forme, et vice-versa.

Je ne dirais rien de l'intrigue, car elle se révèle être plein de rebondissements, mais les deux acteurs, Laurence Olivier et Michael Caine, sont extraordinaires, l'un cabotinant avec joie, et l'autre tout en classe britannique.
Ces dialogues reviennent ensuite sur la lutte des classes, le faible contre le fort, c'est un magnifique jeu de dupes auquel on a droit, et les rebondissements sont épatants, car il est impossible de prédire ce qui va se passer, car même le générique de début est un trompe-l'œil.

Le film est tiré d'une pièce de théâtre, et rien qu'au début, où un plan montre Michael Caine en train de chercher Laurence Olivier dans un labyrinthe d'arbustes, on sait que le film va avoir constamment cette ingéniosité, et si on ne sortira quasiment jamais de la maison, les différentes pièces (où sont entreposés des objets essentiels pour l'intrigue, dont une très intrigante poupée qui ricane) donnent l'impression d'être partout à la fois.

C'est un film vraiment bluffant, et un magnifique cadeau d'adieu que nous a offert Mankiewicz, car sur un canevas aussi simple et réduit, c'est un tour de force permanent !