Le Limier, c’est tout d’abord une pièce de théâtre écrite par un anglais, Anthony Shaffer. Suite au succès mondial que rencontra la pièce, Shaffer la transposa en un scénario qui sera porté à l’écran par Joseph L. Mankiewicz. Ce film, considéré par beaucoup comme le chef-d’œuvre du réalisateur, sera son dernier.


Andrew Wyke, aristocrate et auteur de romans policiers à succès, invite dans sa vaste demeure Milo Tindle, un coiffeur d’origine italienne. Ce dernier se révèle être l’amant de la femme de Wyke qui, désirant divorcer, propose à Tindle un plan. Ce plan consiste à simuler un cambriolage afin de monter une arnaque à l’assurance. La victime du larcin étant bien entendu Wyke. Tindle, attiré par les 175 000 livres potentiels, accepte d’endosser le rôle du cambrioleur. Mais ce plan d’apparence simple en cache en réalité un tout autre, bien plus machiavélique.


Cette œuvre pleine de rebondissements repose sur la confrontation entre deux personnages que tout oppose dans un huis-clos burlesque mais oppressant. Excepté quelques plans dans le jardin, toutes les scènes se passent à l’intérieur de la maison. Un endroit rempli d’automates bruyants que le propriétaire s’amuse à mettre en marche dans le seul but de mettre mal à l’aise son invité. La multitude d’objets fantaisistes sera d’ailleurs utilisée par les protagonistes comme autant d’indices potentiels ou d’objets servant à alimenter la machine infernale en laquelle se transforme ce duel.


Mankiewicz se prend au jeu des fausses pistes et indices. Contrairement à ce qui est annoncé dans le générique, deux acteurs seulement sont présents. Laurence Olivier interprète Wyke, tandis que Tindle est joué par Michael Caine. Les deux acteurs britanniques rivalisent d’ingéniosité afin de sortir vainqueur de ce jeu qui vire peu à peu en une danse macabre. Leur prestation est époustouflante.


Le Limier est la preuve qu’un film peut à la fois faire réfléchir et distraire. Une mise en scène incluant habilement le spectateur, une excellente intrigue qui pour autant ne se regarde pas le nombril, un formidable duo d’acteurs et un huis-clos pittoresque, voici les ingrédients de la réussite de l’ultime film de Mankiewicz.

Vincent-Ruozzi
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le 26 juil. 2017

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