L'argent est une garce qui ne dort jamais.
Pas du genre à se reposer longtemps, Martin Scorcese collabore une nouvelle fois avec son désormais acteur fétiche, Leonardo DiCaprio. Dès 2007, les deux compères s'intéressent à l'histoire de Jordan Belfort, courtier et arnaqueur aussi mégalomane que drogué dans les années 1990. Un registre un peu différent mais qui n'effraie surement pas le Grand Maître qui signe -encore- un grand film.
Si vous ne comprenez rien à la bourse, aux courts, aux échanges de capitaux et à tout l'engrenage financier et informel qui régit notre monde, c'est pas bien grave. DiCaprio non plus n'y comprend rien. Mais avec The Wolf of Wall Street, on pénètre d'une façon très particulière dans ce territoire de la finance où le moindre agneau se fait dévorer par un meute de loups enragés. Jordan Belfort est le chef du troupeau de traders qu'il a élevé lui-même à la force du combiné pour faire de sa société douteuse, une boite qui tape à la porte de Wall Street jusqu'à emmerder les gros bonnets. Ainsi, alcool, drogue, femmes deviennent le lot quotidien de la meute qui s'y adonne comme jamais. C'est un autre monde que Scorcese nous décrit d'après les mémoires de Jordan Belfort lui-même, une autre facette de l'Amérique vouée à l'implosion comme tente d'avertir un ancien combattant de la Bourse au début du film. A Wall Street, le chaos n'est jamais bien loin.
La force du film réside dans l'attachement spontané et direct aux personnages qui sont pourtant, restons polis, de belles salopes. Jordan Belfort le premier. Interprété par un immense Leonardo DiCaprio qui donne tout, on en vient à aimer, aduler cet homme immoral, infidèle, hédoniste, drogué et rajoutez un autre qualificatif d'une rare violence. Un enfoiré. Un salopard. Mais un héros. L'acteur comme le réalisateur sont parvenus à nous transmettre une étonnante fascination pour un horrible humain gangrené par l'argent. De même, les autres personnages sont des monstres en puissance. Jonah Hill campe un vice-président, meilleur ami de Jordan qui a commencé au plus bas pour devenir une bête infâme. L'acteur de comédie potache déploie ses ailes et captive par son étonnante capacité à approfondir ce personnage. On se rappellera surtout de cette scène énormissime de l'overdose de Jordan et Donnie. Si vous voulez vous rincer l’œil, il y en a pour tous les gouts. Les demoiselles sont fraichement vêtues et très loin d'être déplaisante à l'image de la femme de Belfort, Naomi campée par Margot Robbie. Plus sexy, c'est Babylone.On retrouve également Matthew McConaughey, Jean Dujardin, Rob Reiner, tous très en forme avec des rôles très intéressants.
A voir, à voir, à voir. Un des films majeurs de l'année 2013 qui souffre certes d'un peu de longueur mais qui est si bien mené que les trois heures passent très vite. Une fresque épique dans un monde pourri. Je recommande chaudement.