Ma note : 3/10
Le magasin des suicides, adaptation d’un livre de Jean Teulé, est le premier film d’animation de Patrice Leconte. Comédie musicale clairement inspirée de Tim Burton, le film s’est lancé un défi malheureusement difficile à relever et résulte en une grosse déception.

Ceux qui auront lu le livre de Jean Teulé au préalable (ou, comme moi, le lendemain), se feront exactement la même réflexion au sujet des deux oeuvres : beaucoup de créativité, mauvaise exécution. Où Jean Teulé fait clairement preuve d’imagination mais couche ses idées avec le style d’écriture désastreux d’un collégien en mal de maturité, Patrice Leconte réalise une adaptation effectivement fidèle… et tout aussi mal écrite.

Si le style artistique du Magasin des suicides nous avait tous intrigués, grâce à un trait original, détaillé, presque poétique, il suffit de quelques minutes de film pour se rendre compte de la pauvreté de l’animation qui faillit à conférer le charme rustique que nous en attendions tous. Le spleen Baudelairien promis par les esquisses des équipes graphiques laisse place à une simple comédie noire, aux mouvements saccadés et surtout, au verbe désagréable de simplicité, sans oublier des séquences musicales trop présentes, mal écrites, médiocrement composées et chantées sans talent.

Car ce sont principalement ces passages, complètement dispensables, qui gâchent le film dans son ensemble. Nous en venons à redouter l’instant fatidique où un personnage se fendra – encore – d’une chansonnette aux paroles enfantines et aux rimes pauvres – à condition d’en comprendre le sens, ce qui n’est pas toujours le cas puisque les acteurs ne semblent pas être chanteurs. Visiblement inspiré des Noces Funèbres de Tim Burton, Leconte tente d’en emprunter la mélancolie pour, sans succès, prêter à ses antihéros une personnalité attachante. Il en résulte un film pour adolescents et adultes, réalisé comme à destination d’un jeune public qui pourtant le serait trop pour comprendre la noirceur de l’ensemble.

Il nous en reste le scénario d’origine, que nous devons non à Leconte mais à Teulé, qui y verra donc probablement une excellente adaptation… à hauteur de son écriture. Originale, sombre, grinçante, humoristique sans être hilarante. Malheureusement, en 2012, face à la richesse d’un ParaNorman ou à la poésie des Enfants Loups, Le magasin des suicides pâlit de la comparaison.
Filmosaure
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le 16 oct. 2012

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