Pas convaincu du tout par Le majordome.
L’idée d’un homme neutre, au plus proche du pouvoir, qui traverse l’Histoire est intéressante. Ça a fonctionné dans Forrest Gump après tout. Mais… pas ici. 30 ans d’Histoire, il fallait aussi trouver un fil directeur. Ce sera celle des afro-américains. Pourquoi pas après tout, il y a tant à dire. En 2h10, il y avait le temps de bien traiter le sujet en plus.
Pesons les pour et les contre.
Dans les pour, il y a le talent de certains acteurs : David Oyelowo (le fils du majordome), les acteurs incarnant les présidents, et Forest Whitaker bien qu’il semble moins inspiré que dans Le dernier roi d’Ecosse. On a aussi l’histoire du fils du majordome qui côtoie James Lawson, Martin Luther King, les Black Panthers, se retrouve impliqué dans divers événements,… (ça fait beaucoup au final, mais il fallait sans doute qu’un perso puisse être le catalyseur de la lutte pour les droits,…)
Dans les choses qui m’ont gêné, citons : Oprah Winfrey qui aurait mieux fait de rester sur ses plateaux télé (ben oui, acteur c’est un métier. Suffit pas de jouer une alcoolo pour livrer une performance). Son personnage (ma femme du majordome), n’est pas mieux : Inintéressante et surtout beaucoup trop mise en avant. On voit énormément Madame mais chaque président ne sera que très peu sur le devant de la scène. J’imagine bien qu’il y ait une volonté de parler autant de l’Histoire que de l’histoire du personnage mais là y a un p’tit problème d’équilibre. Lenny Kravitz est aussi très transparent, de même que les amis/voisins du Majordome. C’était sympa de vouloir parler des petites histoires du quotidien, mais autant le faire bien.
Le problème du Majordome c’est une combinaison entre un manque de subtilité, de dynamisme et d’équilibre. On nous balance les événements historiques entremêlés de drama familial, mais ça ne prend pas. On voit bien toutes les ficelles ; du fils aîné en conflit avec papa (en mettant le fils cadet totalement de côté jusqu’à ce qu’on lui trouve une utilité), à Madame qui a ses propres problèmes jusqu’aux (vagues) tiraillements éthiques du Majordome.
Le métier même est intéressant et permet une approche originale. Côtoyer les puissants, tout entendre mais rester un témoin impassible. Il y a bien sûr ces petites conversations avec les présidents qui débouchent sur des discours/décisions historiques (histoire de bien faire comprendre le lien) mais tout est trop mécanique.
Le thème de la lutte pour les droits des noirs aux Etats-Unis est un sujet connu et reconnu. Ce qui oblige les films à avoir un "p’tit truc" en plus si ils veulent se démarquer. Ici,l’approche est très bonne mais tout le reste pâtine et ne dégage aucune émotion, même les décors sont trop propres (je ne parle pas que de ceux de la Maison Blanche. Rien que la première scène sur les parents du Majordome, qui devrait prendre aux tripes ne prend que du temps ou la dernière scène avec Mr & Mme Majordome.
Bon, on va dire que je suis trop négatif, il y a de bonnes choses dans ce film. D’ailleurs, je ne dirais pas que c’est un mauvais film. Juste un film avec de bonnes intentions et de bonnes idées mais qui se focalise tellement sur son message qu’il met de côté tout le reste. Un sujet puissant c’est bien mais ça ne fait pas tout. Dans ce cas, ça fait surtout un film très convenu qui manque d’émotions sur l’ensemble. Il y a de bonnes scènes qui, elles, sont pleines d’émotion et savent la doser. Mais il n’en reste pas moins qu’il ne s’agit définitivement pas de la grande fresque historique que j’espérais.
Ah si, un autre point positif quand même. Je me suis amusé de voir les divers présidents, la ressemblance président/acteur, leurs mimiques, leurs comportements,… Sauf qu’on ne les voit pas beaucoup.
Terminer sur Obama c’était aussi couru d’avance. Y consacrer 15 minutes, c’était un chouilla trop. Balancer un "Yes, we can" avant le générique,… c’est juste pas possible.