Certes, The Butler est un film très conformiste et scolaire. J'ai envie de dire "Et alors ?"
C'est un film qui ne surprendra pas par sa mise en scène ou sa narration. Et alors ?
C'est un biopic qui jongle avec les thèmes de l'inégalité, du racisme et de l'ambiguité politique. Et Alors ?

Au delà du simple thème du racisme et de l'intégration, au-delà de l'aspect "L'histoire des noirs américains pour les nuls" qui peut faire craindre au début un développement vu et revu, The Butler a l'intelligence de nous raconter l'histoire d'un homme simple et toujours honnête dans ses convictions, même quand il lui arriva de se tromper. Alors certes, on n'a échappe pas au prosélytisme, mais mettez vous à la place des auteurs et de leur contexte : Oui aujourd'hui les USA ont un président noir, le droit de vote et l'accès aux même écoles que les blancs, mais souvenons-nous qu'il y a moins d'un siècle c'était les champs de coton, l'esclavage, que le KKK n'a officiellement été dissous qu'à la fin de la 2ème guerre mondiale, et que même en 1968 il fallait en avoir une sacrée paire pour hurler "I'm black and proud" sur une scène.

Le fait est que l'Amérique d'aujourd'hui a encore du mal à vivre avec son passé : une Histoire qui a assassiné quatre présidents de la république, sali les droits de l'homme (et de la femme!) pendant plus de 200 ans. Pas étonnant donc, qu'un metteur en scène américain décide, encore aujourd'hui, de conter cette histoire. Le premier point fort de The Butler réside dans le fait que cette histoire est racontée sans colère, sans violence, à travers un point de vue simple et en même temps totalement atypique. Le second réside dans son casting : Forest Whitaker y campe un majordome merveilleux de subtilité et de simplicité, bref c'est Forest quoi : il est parfait ! Et même si The Butler n'est pas le film le plus réussi de 2013, je ne vois honnêtement pas qui d'autre cette année pourrait avoir l'oscar du meilleur premier rôle.
Force du casting bis : Oprah Winfrey qui prouve qu'elle n'est pas juste une animatrice télé à qui on a demandé de jouer dans un film. Elle le fait pour de bon ! Elle s'implique et met toute son intelligence à bâtir ce personnage de l'épouse du majordome : partagée entre les angoisses d'une femme moderne, l'héritage de deux siècles de ségrégation, l'ardent désir de cracher à la gueule des blancs, l'amour viscéral pour ses enfants et le respect ineffable pour son mari. Gloria Ganes est un personnage et un rôle complexe, et il est magnifiquement incarné.

Alors oui le film n'échappe pas à un certain conformisme. Oui le scénario racole un peu et le montage aurait pu être plus rythmé. Oui les présidents successifs y sont un peu caricaturés. Oui on survole les questions politiques plus qu'on ne les aborde vraiment. Mais se déroule un point de vue personnel, humble et de bonne foi : la petite histoire prend plus de place que la grande, et alors ?

On dit qu'Obama a pleuré en visionnant ce film. Je suis un fils d'immigrés. Et si j'avais été un noir aux Etats-Unis, j'aurais probablement pleuré moi aussi.
MarcoSerri
6
Écrit par

Créée

le 6 janv. 2014

Critique lue 342 fois

1 j'aime

Critique lue 342 fois

1

D'autres avis sur Le Majordome

Le Majordome
drélium
6

34 years a slave

Armé de son charme ricain breveté, The Butler est fait pour verser sa petite larme à emporter, que ça dégouline sur ta joue sans crier gare alors que l'on ne voit que des gros plans de visages...

le 29 avr. 2014

28 j'aime

Le Majordome
Moorhuhn
3

La Soupe à oscars

Recette du films à oscars - Facile à préparer - Budget abordable Commencez d'abord par parler d'une histoire vraie sans prendre de grands risques. Quoi de mieux que de parler de la...

le 7 oct. 2013

28 j'aime

4

Le Majordome
hugovanmalle
8

Critique de Le Majordome par hugovanmalle

Je n'avais ni vu l'affiche, ni ne savais de quoi parlait le film. On m'y a entraîné et c'est une bonne chose, j'ai regardé le film comme il se déroulait sous mes yeux et j'en suis sorti en me disant...

le 12 sept. 2013

28 j'aime

Du même critique

La Liste de Schindler
MarcoSerri
10

Ce bijou de pudeur et d'humanité qui constitue certainement sa plus belle oeuvre.

Là on frôle le génie. Spielberg met de côté son goût du spectacle pour signer ce bijou de pudeur et d'humanité qui constitue certainement sa plus belle oeuvre. Evidemment, pas besoin d’être énarque...

le 22 mai 2013

18 j'aime

1

Sheik Yerbouti
MarcoSerri
10

Broken hearts are for assholes.

L'album complètement taré, le plus taré de tous les zappa probablement, que j'écoutais quand j'étais môme dans la chambre de mon frère musicien. J'avais 11 ans, je prenais une règle en bois, je m'en...

le 30 mai 2013

17 j'aime

3

Gravity
MarcoSerri
6

L'arrivée d'un train en gare de La Ciotat - 118 ans plus tard.

Un survival puissant mais n'y allez pas pour le scénario, il n'y en a pas. On a tendance à faire des raccourcis faciles en France. Par exemple comparer Gravity à 2001, juste parce qu'on y voit des...

le 4 nov. 2013

13 j'aime

7