Une si belle histoire pour un si beau gâchis

L'affiche annonce du lourd, du très très lourd, Ford V Ferrari et, le fait est, les premières minutes du film laisse présager que le thème du film sera bien l'affrontement entre Ford et Ferrari... Le film commence bien dans ce sens avec une présentation des forces en puissance. La puissance industrielle et commerciale de Ford est mise en valeur à travers l'une des lignes de montage face à l'artisanat de Ferrari mis en valeur par la visite de l'atelier Ferrari jouxtant ceux de la Scuderia.


Le film commençait vraiment bien parce que l'homme qui incarne cet affrontement, c'est bien Caroll Shelby (masterclass de Matt Damon). Le rôle de Ken Miles dans la conception de la GT40 MkI, MkII et MkIV est bien retranscrit (masterclass de Christian Bale).


Seulement, il y a un souci... L'antagoniste du film, ce n'est pas Ferrari, c'est Leo Beebe... Un personnage créé pour le film. Et c'est strictement inintéressant. Au lieu de se concentrer sur les talents de Ken Miles et de Caroll Shelby pour déjouer les pièges de ce personnage, il aurait été plus pertinent de montrer la toute puissance sportive de Ferrari pour que le spectateur comprenne bien l'enjeu de cette lutte.


Coller davantage aux faits, à la réalité, à ce qui s'est véritablement passé aurait permis au film d'être plus juste, plus fidèle. Ce film aurait dû montrer ce qui s'est passé en 1965, ce qui s'est véritablement passé. Ken Miles y a couru et il a abandonné sur casse mécanique, Ford a été battu, Ferrari a encore gagné. Montrer ça permettait de montrer à quel point le rôle de metteur au point de Ken Miles avait été important pour gagner Le Mans 1966.


Quand il est sorti au cinéma, j'ai regretté de ne pas être allé le voir tant la bande annonce me laissait penser qu'il serait aussi bon que Rush... Il n'en est rien. Rush a rendu hommage à ses deux protagonistes. Ni Ford, ni Ferrari, ni Ken Miles, ni Caroll Shelby, ni Les 24 Heures du Mans n'ont été respectés dans ce film.


La technique et le talent des acteurs ne font pas tout. Pour faire un bon film, il faut une belle histoire et quand l'Histoire est si belle, il faut parfois se contenter de la raconter, de la retranscrire sans chercher à la réécrire. Le Mans 66 est à l'image du cinéma américain actuel, incapable de raconter quoi que ce soit si l'Histoire ne contient pas un héros gentil très gentil et vilain méchant très méchant. Montrer des gens passionnés lutter contre eux-même, contre la peur, contre la mort ne suffit visiblement plus à faire un film.


Je suis également déçu que le film ne rende pas hommage à Walt Hangsen qui s'est tué à bord d'une Ford GT40 MkII lors d'essais le 7 avril 1966 alors qu'il devait piloter pour l'écurie de Caroll Shelby.

Lucas-Gaudichon
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le 26 oct. 2021

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Lucas Gaudichon

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