En plus le titre n'a aucune logique.
Le Marquis c'est un de ces films qui arrivent péniblement à faire sourire toutes les 20 minutes à une blague un peu perchée et de base pas très drôle. Dominique Farrugia ne sait plus trop quoi inventer, et ce depuis un moment.
On essaie de nous servir une comédie sur le thème des thrillers de braquages qui ont eu leur heure de gloire dans les temps passés (et qui tentent de la retrouver encore aujourd'hui). Un truand agit pour son patron et tente le cambriolage d'une banque. Faisant montre d'un manque flagrant d'attention, le banquier piège le truand qui avait sur lui une somme colossale d'argent prévue justement pour allécher ledit banquier. Un système de vitrage pare-balle empêche le malfaiteur d'accéder au coffre et son déclenchement appelle la police immédiatement. Le piégeur piégé se voit dans l'obligation d'abandonner les lieux ainsi que sa petite fortune de base. De retour chez son patron, menacé d'une mort lente et douloureuse, il convainc ce dernier de mener à bien un plan qui lui rapporterait un paquet de fois plus que l'argent qu'il a perdu bêtement à l'aide d'un baron du braquage, un super-héros des malfaiteurs... le Marquis.
Sur le papier ça sonne bien, et sur l'écran ça ne rime à rien. Pourtant il tente vainement de reprendre les codes du genre:
-Un plan millimétré au poil de fion
-Un assistant expert en destruction et en informatique
-Un patron à la Robert De Niro
-Un prince des voleurs à la Arsène Lupin
-Une pin-up la cruche vide mais bien roulée pour faire jolie
-Un faux larbin qui n'a aucune envie de rester avec son tyran de patron
-Des bras cassés en guise de garde du corps (ah non ça pardon, ça relève uniquement de la comédie)
-Et un "héros" qui va finir avec une belle famille etc... (souvent c'est lui le prince des voleurs)
Mais malheureusement, ça n'est ni sérieux ni parodique et à peine un mélange des deux.
Pourquoi tout cela n'a pas fait suffisamment effet?
Tout d'abord les acteurs. Bon, c'est admis, Franck Dubosc ne fait pas parti de mes favoris, il joue trop souvent un personnage faible d'esprit, et ici, la crétinerie est bien trop poussée pour être prise un tantinet (oui je l'ai ressorti du tréfonds des ténèbres, et alors?) au sérieux et finalement pas assez (du moins le procédé est bien trop inadéquate) pour vraiment l'assimiler à une vraie parodie (elle est où la lueur de génie qui nous a pondu "La cité de la peur"?); en essayant de passer outre le personnage, la prestation même de Dubosc est bien loin d'être transcendante, sans être mauvaise, on dirait plus un gamin qui s'amuse à jouer les acteurs qu'un acteur qui joue un rôle sérieusement (ou même avec humour de toutes manières). Quant à Richard Berry, bien que plus sérieux et donc potentiellement plus crédible, j'ai envie de dire sommairement "on ne peut s'improviser le talent de Tommy Lee Jones", effectivement son rôle serait en adéquation parfaite avec la classe et la carrure de ce bon vieux Tommy (oh bien sûr, des acteurs français aussi auraient pu endosser ce rôle sans grande difficulté tout en étant plus crédible), enfin, j'exagère puisque c'est une comédie, mais disons que l'idéal même du rôle se rapproche plutôt d'un acteur comme T.L.Jones que Richard Berry, ce qui rend à de nombreuses reprises le personnage ridicule lorsqu'il se veut avoir la classe. Et puis le personnage d'Olga, diantre qu'il peut être atrocement révulsant... Pourtant Luisa Ranieri est une très belle femme, mais qu'est-ce que son personnage peut être con et dépourvu d'attirance psychologique, le côté "sans avis" est d'une idiotie affligeante et désespérante.
Heureusement, en face, il y a Jean-Hugues Anglade, qui obtient un rôle acceptable et parvient à exploiter efficacement ses expressions faciales qui se prêtent à merveille à ce rôle; ainsi que Fatsah Bouyahmed, qui est le seul à offrir un jeu avec une grosse part de sarcasme et d'humour de gestuelle et de situation sans en faire trop ni en paraissant bête, un personnage normal en soit, drôle, mais normal (comprendre qu'il fait tâche sur le film alors que concrètement c'est à peu de chose près le meilleur), sans compter qu'en plus il a la tête qui va avec.
Ensuite il y a l'histoire. Un casse qui tourne mal, un plan foireux qui réussi, une fausse identité primordiale, tout ça c'est du vu et revu. Et le Marquis (le personnage) était ici présent, on ne le voyait pas (juste ses mains et ses activités), mais il était là, on le savait, on s'attendait à le voir, et finalement on ne le voit pas. Bien que c'était prévisible au possible, c'était à peu près le seul enjeu réel du film, on voulait le voir car c'est lui qui travaille dans l'ombre pour assurer la réussite du faux plan foireux échafaudé à l'arrache par le sous-fifre du boss. Du coup, à peu de chose près tout l'intérêt du film tombe à l'eau. Car c'est ce personnage qui aurait dû déterminer la position exacte de la comédie ou du sérieux.
Et pour finir il y a le déroulement. Comme le précise Aristote, "Un tout est ce qui est constitué d'un début, d'un milieu et d'une fin". Bon, vous vous douterez bien qu'un film c'est pareil. Problème majeur ici, le milieu est inexistant. Ça paraît gros dit comme ça, pourtant c'est le cas. Avant d'appliquer le faux plan, ils doivent attendre un certain temps, et comme ils n'ont rien à faire, le film est constitué de scènes absurdes sans intérêt et sans rapport finalement avec l'histoire. Ça à l'avantage d'être un film compréhensible pour les gens qui s'endorment au début et se réveillent à la fin du film (j'en connais !), mais c'est incroyablement ennuyeux pour ceux qui suivent. En parlant de ça, Bad Teacher aussi avait une dent contre Aristote puisqu'aussi étrange que cela puisse paraître, il ne possède pas de début (et je ne parle pas d'un film dont le début se trouve à la fin ou dont l'histoire serait morcelée).
Vous l'aurez compris, Le Marquis ne possède qu'une paire bien maigre de blagues qu'il a desservi préalablement dans la bande annonce, ce qui fait que tout est attendu, et même ce qui est attendu surprend dans le mauvais sens.