Magnifique bisserie méconnue des années 60, Le Masque aka "Les Yeux de l'enfer" pourrait être une sorte de "The Mask: Origins" qui mêle horreur et fantastique dans un gloubiboulga ethnologique de premier choix. Le contexte est très épuré, clairement basique : un jeune archéologue ayant trouvé un masque maléfique issu de la civilisation précolombienne semble sous l'emprise d'une force mystérieuse qui le pousse à commettre d’horribles crimes. Après en avoir parlé avec son médecin qui pense avoir affaire à un délire relevant du cauchemar, il se suicide et lui laisse ce terrible artéfact en cadeau. Mais que va-t-il donc se passer ensuite... À l'image de l'introduction servie en apéro, avec un faux présentateur qui invite les spectateurs à rester très prudents car ils pourraient eux aussi tomber dans une transe meurtrière, on nage évidemment en plein grotesque.


Mais la petite particularité du film, c'est qu'on est invité à mettre des lunettes 3D à chaque fois que le personnage insère sa tête dans le dangereux masque, afin de pénétrer dans l'univers surréaliste et morbide où il est soudainement transporté. Ainsi, à chaque invocation extrêmement emphatique du "Put the mask on… now!", on s'exécute pour découvrir ces plongées totalement hallucinantes, hors du réel. Un monde dans lequel les pulsions humaines se trouvent exacerbées. C'est un peu comme si on avait avalé un sachet de jolis petits cachets multicolores en plein Hellfest, comme si les portes de la perception avaient subitement été ouvertes sur un continent aussi mortifère que merveilleux. Ainsi défilent les images envoûtantes et exotiques d'un culte sacrificiel, une grande dose de psychédélisme aux portes de l'enfer, avec costumes et maquillages à la limite de l'admissible : un paysage fantasmagorique qui renvoie parfois aux rives d'un Styx peuplé de squelettes et de mains jaillissant du sol, avec son cortège de fantômes blafards et de bizarreries poético-funèbres (des yeux qui volent, des visages évanescents, des objets en lévitation, des métamorphoses en pagaille).


On aurait presque tendance à oublier que ces segments hautement hallucinogènes sont accolés à une trame narrative rachitique et insipide, qui résonne comme la musique d'une salle d'attente faisant patienter avant la prochaine décharge horrifique. Mais bon, le chanteur des Cramps Lux Interior a dit au sujet du film "It sends you into this weird surrealistic world with dry ice all over the floor, zombies roaming about and girls being sacrificed" avec un net enthousiasme, alors bon... Put the mask on!


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Morrinson
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le 6 juil. 2020

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