Le Médaillon
4.1
Le Médaillon

Film de Gordon Chan (2003)

Je poursuis mon cycle Jackie Chan, même si dernièrement je n’ai vu que des films pourris. Je me doutais que Le médaillon allait en faire partie, mais j’étais quand même plus enthousiaste à l’idée de le voir, parce qu’il semblait faire partie des films américains de Jackie avec une bonne dose de mauvais goût en terme d’humour et d'effets visuels. Le genre de film de merde qui, au moins, ne provoque pas l’ennui, mais l’hilarité.
Pourtant je ne savais pas grand chose du Médaillon, je crois que j’avais cette image essentiellement à cause de cette affiche vraiment dégueu, digne d’un DTV de The Asylum.


Le casting est plutôt inattendu, il réunit Claire Forlani (Mallrats), John Rhys-Davis (Les aventuriers de l’arche perdue), Julian Sands (Le fantôme de l’opéra), et Jackie Chan donc, qui arbore étonnamment une coupe mullet au début, puis se retrouve avec les cheveux courts après une ellipse de 2 semaines, on ne sait pourquoi.
En coullises il y a encore plus de beau monde rattaché à ce projet : Jackie également en producteur, Sammo Hung en chorégraphe, Bey Logan (spécialiste de Jackie Chan) parmi les scénaristes, et Gordon Chan à la réalisation, qui a réalisé quelques classiques comme Fight back to school ou Dragons forever, avec Jackie justement.
D’après ce que j’ai lu, Le médaillon n’était pas un film Américain au départ mais Hong-Kongais, mais Columbia détenait les droits de distribution et le final cut, et le studio a pas mal modifié l’intrigue et le montage après avoir vu la première version de Gordon Chan.
C’est toutefois loin d’expliquer l’ampleur du désastre qu’est ce film ; c’est difficile de déterminer ce qui est la faute du studio ou du réalisateur, mais ce dernier est loin d’être innocent.
Il y a pleins de sautes d’axe, des raccords dans l’axe pour des répliques qui durent une phrase, il faut croire que le réalisateur ne savait pas ce qu’il faisait et s’est dit qu’on se débrouillerait en post-prod.
Et j’ai l’impression qu’à partir des années 90, Gordon Chan a voulu adopter des effets de mise en scène en vogue, quitte à faire n’importe quoi ; ça se voyait déjà dans Thunderbolt (avec Jackie également) où l’abus de ralentis foutait en l’air les scènes d’action, mais c’est encore plus choquant dans Le médaillon.
On croirait sans cesse voir une série policière Allemande façon Le clown ou Alerte Cobra, il y a ces flashes lors des transitions, ces plans débullés en courte focale, cette esthétique très colorée et saturée, cette musique atonale très générique, cette BO pop-rock et electro, ces CGI infâmes… Le médaillon illustre parfaitement une certaine vision de ce qui est cool et "djeun", complètement à côté de la plaque.
Il y a tous les effets les moins inventifs possible, la musique romantique à l’arrivée de la fille, la musique comique digne d’un cartoon lors des scènes ""comiques"" (j’insiste sur les doubles guillemets), et puis à deux reprises ce bruitage de vinyle qui dérape… on ne sait plus si on regarde un film ou un podcast sur Youtube.


Au bout de 5mn je trouvais déjà ça totalement nul, moche, et pas drôle. Tout le monde surjoue, que ce soit Julian Sands parce qu’il est méchant, ou Lee Evans parce qu’il est le sidekick rigolo ; il est insupportable, il fait des gueules pas possibles toutes les deux secondes, et ses vannes sont complètement randoms : "vous haletez comme pendant un appel obscène" (???)
Il y a un quiproquo à un moment où d’autres flics pensent que Jackie et son collègue sont homos, c’est super mal amené et en même temps on voit venir la chute de très loin… et une fois qu’on y est, ça reste d’une lourdeur absolue. Non seulement rien n’est drôle, mais on insiste sur chacun des gags, en les répétant même.
Le plus remarquable, ça reste cette séquence de soirée entre amis, où débarque soudainement une reprise de "Twist and shout" pour enchaîner en moins d’une minute les scènes sans rapport entre elles, visiblement censées être gaguesques même si on n’y comprend rien : les personnages font la cuisine, ils mangent, ils dansent, et tout du long ils font des tronches comme s’ils réagissaient à quelque chose de cocasse, que le public ignorerait. Enfin quand ils dansent, je crois qu’on est censés rire parce que Forlani et Chan se retrouvent dans des positions un peu scabreuses, mais c’est monté tellement rapidement qu’on n’a pas le temps de comprendre ce qu’il se passe (il y a juste un plan rapide, sorti de nulle part, où Forlani se penche au niveau de l’entrejambe de Jackie…).
Et brusquement, ça s’arrête, les personnages jouent au Scrabble.
C’est incroyable.


Jackie nous fournit quand même quelques cascades sympas, et des chorégraphies correctes, heureusement pas trop gâchées par le montage pourtant bordélique.
Bon, à un moment Jackie attache les mains d’un adversaire avec sa ceinture, puis lui baisse son froc… C’est gratuit.
Mais il y a des plans où l’usage de câbles est très flagrant, les personnages font des bonds comme dans Turkish Star wars, c’est à croire qu’ils volent. Et du coup par la suite, il y a des plans qui auraient pu être impressionnants, mais on a ce doute concernant l’usage de câbles qui gâche le plaisir.
Le médaillon du titre est un artefact qui permet de rendre immortel, et sous son effet, Jackie obtient une force démesurée, il court même comme The Flash, et ça donne lieu à de multiples effets cartoonesques et à un usage démultiplié des câbles. Le peu d’intérêt qu’avaient les combats disparaît complètement, puisque le héros fait tournoyer ses ennemis dans les airs d’un simple geste.
Peut-être que l’histoire a pour base le rêve d’un gamin, qui s’imaginait que ce serait trop cool de voir Jackie Chan avec des super-pouvoirs. Bah non.
Alors quand le héros affronte le méchant, qui a les mêmes capacités que lui, on atteint des sommets… de mauvais goût. Leurs deux affrontements sont un concentré de tous les effets de merde présents jusque là dans Le médaillon, auxquels s’ajoutent des ralentis, des accélérés, et autres effets visuels expérimentaux.
Ca ne s’arrête pas, ça atteint presque le niveau de Vidocq en terme de laideur, tout est d’un mauvais goût extrême, et on n’y comprend rien.
J’en ai pleuré de rire, littéralement.


Alors malgré 2-3 cascades pas mal, Le médaillon est peut-être le pire Jackie Chan qui soit… j’hésite avec Le smoking, qui était moins moche mais quand même d’une connerie immense. Je pense que les deux se valent.
Mais putain, Le médaillon, woaw… quelle merde ! Je m'attendais à quelque chose de mauvais, mais pas à ce point ; mais au moins, comme je l'avais espéré, c'est de la merde fun, de la merde dont on peut rire aux éclats, on est très loin de s’ennuyer !


Bonus :
La bande-annonce en VF, et un extrait que j'ai uploadé, pour se faire une idée du niveau :
https://youtu.be/j6xRAb5jkfc
https://youtu.be/Alj_ubYoYtg

Fry3000
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les films pourris avec un nombre insensé de scénaristes et La liste des blessures de Jackie Chan

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le 6 juin 2016

Critique lue 660 fois

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Wykydtron IV

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