1960 : une ombre fasciste plane sur l'Amérique du Sud où se réfugie opportunistement mais inopportunément le fantôme du nazisme. Un médecin allemand égaré en Patagonie va s'immiscer dans la vie d'une famille, séparant avec cynisme son humanité de son intérêt scientifique fondé sur l'eugénisme.
Traitant une nouvelle fois de l'identité de l'enfant et de l'adolescent après XXY, Puenzo est loin de perdre pied en choisissant de jongler avec les univers politique, familial et historique. Assumant en plus les rôles d'autrice, de réalisatrice, de productrice et de scénariste, c'est beaucoup lui demander que de construire une œuvre cohérente et divertissante, ce qu'elle arrive pourtant à faire.
Cela tiendra donc du chipotage si j'ai le même grief à lui faire que pour XXY : les différentes ambiances de son film ne communiquent pas entre elles, comme si elle laissait le lieu de son tournage juger à chaque endroit du ton qui doit prévaloir, ou bien que les ruptures opérées derrière la caméra pour passer d'une séquence à une autre (sans aller chercher très loin : les changements logistiques ou de décor, par exemple) se répercutaient sans contrôle à l'intérieur de l'histoire.
Malgré que le film étudie ses propres implications avec soin dans de nombreux domaines, on se retrouve alors avec un côté décousu et un peu anachronique qui tranche avec la compétence lui ayant permis de retracer légitimement la charnière historique que représente la transition politique sud-américaine tout en s'approchant d'aspects plus intimes et banals. En tout cas, il ne s'agit pas d'une auto-adaptation, mais bien d'un film indépendant qui manque juste d'un peu de personnalité pour remplir in extremis tout ce qu'il entreprend.
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