A sa sortie sur les écrans, on s'était demandé ce qui avait bien pu arriver à Spielberg pour qu'il réalise un film aussi laid, dénué de vision, de consistance, d'émotions, bref de... talent que ce "Monde Perdu" ? Le côté un peu ludique de "Jurassic Park" s'était mystérieux envolé, alors que le scénario se contentait d'accumuler des redites sans grand intérêt. Les citations finales de "Godzilla" ou de "King Kong" dans la dernière partie, catastrophique, nous faisaient d'autant plus mal qu'elles soulignaient l'abîme entre ce film et ses modèles !
Le revoir plus de 20 ans après ne change pas fondamentalement la piètre opinion qu'on pouvait avoir de ce blockbuster sans cerveau, voire même franchement répugnant, en tout cas indigne d'un amuseur talentueux comme Steven Spielberg... A moins de considérer que son plan était alors d'appliquer à la "franchise Jurassic Park" un traitement similaire à celui qui avait relativement réussi avec "Indiana Jones" - c'est-à-dire de nous livrer un second film outré et de mauvais goût… -, on ne voit pas très bien le but recherché ici, entre revisite (en moins bien) des "grandes" scènes du premier film, et ce ratage impressionnant du final, grotesque. On n'arrivera même pas à sauver du désastre la brochette d'acteurs atypiques, habituellement brillants, réunis dans un casting a priori alléchant : Jeff Goldblum, Julianne Moore, Pete Postlethwaite, Vince Vaughn, Peter Stormare…
On sourira enfin à la très faible critique du capitaliste prédateur, et à l'affrontement peu convaincant entre chasseurs et écologistes, comme si Spielberg prenait acte des grandes questions qui se profilaient déjà, mais ne prenait surtout aucun risque au delà de ses habituels bons sentiments un peu lâches.
Bref, pas grand chose à sauver de ce film, très oubliable, qui fait partie du pire de sa filmographie.
[Critique écrite en 2020, à partir de notes prises en 1997 et 2010]