Je est un autre

C’est la rencontre avec Daniel Lightwing, lors du tournage de son film documentaire "Beautiful Young Minds", qui a donné envie à Morgan Matthews de s’inspirer de la vie et du parcours du médaillé d'argent aux Olympiade internationale de mathématiques en 2006 pour réaliser son premier long-métrage : « Le monde de Nathan ». Il est vrai que le « génie » de certains Aspis a de quoi fasciner les pauvres neurotypiques que nous sommes.

Il faut aussi dire qu’aborder un sujet aussi sensible et qu’il ne connaissait, à priori, que très peu avant de se lancer dans cette réalisation était quand même une gageure. Certains d'ailleurs lui ont reproché une vision quelque peu angélique, voire stéréotypée de cet « handicap invisible ».

Pourtant « Le monde Nathan » a le mérite d’être assez bien documenté sur la question et tente de donner à percevoir les particularités fréquemment associées à l’autisme dont, grâce à la magie du cinéma, la synesthésie (phénomène neurologique par lequel deux ou plusieurs sens sont associés de manière durable = définition de Wikipédia).

Mais ce qui fait sans doute la force et l’intérêt du film c’est qu’au-delà du syndrome d’Asperger « Le monde de Nathan » parle surtout de choses que tout un chacun a pu au moins une fois expérimenter dans sa vie comme la solitude, la perte et le manque ou encore le dépassement de soi quand on ose la rencontre avec « l’autre » malgré la difficulté à être parfois en lien ou tout simplement à se dire.

En proposant ce rendez-vous singulier (car il existe autant de formes d’autismes qu’il y a de personnes porteuses d’autisme), Morgan Matthews réalise un film « intelligent », sensible, émouvant qui devrait faire prendre conscience à tout un chacun que, finalement, entre « eux » et « nous » il n’y a pas autant de différences qu’on pourrait le croire.

Et puis il y a les beaux yeux bleus de Asa Butterfield et les musiques de Keaton Henson.

Une très jolie découverte.