Vous prendrez bien une tasse de thé ?

Une mini-série addictive présentée comme un "drame personnel" qui a tout d'un thriller traditionnel. Ce qui fait l'originalité de la série tient sans doute dans l'introspection que le narrateur fait de son histoire. A partir de l'épisode quatre le récit connait un véritable rebondissement avec l'introduction d'un sujet rarement évoqué en société et sur les écrans, petits ou grands, qui va venir se superposer et répondre en échos au thème principal du harcèlement : le viol au masculin. Avec authenticité et sans doute un certain courage, Richard Gadd raconte l’ambivalence de la relation qui l’a lié à son agresseur (ou comment l'ego devient vulnérable quand on le flatte) et les conséquences que cela a eu sur sa vie intime. Le comédien et humoriste, qui avait déjà exorcisé ses traumas dans un one-man show pour les planches du théâtre, joue toujours son propre rôle dans la version télévisuelle et prend par la même occasion une revanche certaine sur son histoire. Pour jouer le rôle de sa petite amie Richard Gadd a fait appel à Nava Mau une actrice transgenre qui, à l'instar de son personnage, s'assume pleinement et c'est un vrai bonheur. Enfin comme Kathy Bates oscillait entre douceur et tyrannie dans "Misery", l'incroyable et formidable Jessica Gunning dans le rôle de Martha est tout simplement effrayante d’ambiguïté. Pas sûr qu’après avoir vu la série vous offriez une tasse de thé à un(e) inconnu(e) sans y réfléchir à deux fois. Fascinant et terrifiant.