Dur dur d'être un sushi

Son nom est Personne. Son Far West l’océan. Ses parents les génies de Pixar. Nemo est un poisson clown pas drôle. Il raconterait bien une blague mais n’en est pas capable, comme son père. D’autant qu’il est le fils unique de Marin, son père encore moins marrant, même si tout aussi clown.
Le film des studios Pixar (Toy Story, Monstres et Cie...) est un road movie. Ou plutôt un ocean movie. Pendant une heure trente, on y voit des poissons débiles, des mouettes ridicules, des humains monstrueux, s’ébattrent dans – et autour de – la grande bleue.
On pense davantage au commandant Cousteau qu’à Luc Besson devant la splendeur des images de synthèse. Les encornets y sont plus expressifs que Jean-Claude Gaudin, les raies plus masculines que celles de la jet set. Le dentiste, rare personnage humain, est tellement réaliste, à force de ne pas se laver les mains au sortir des toilettes, qu’il fait penser au docteur Petiot. Quant à sa nièce, immonde petite fille à la mâchoire d’acier, elle ferait fuir Jaw dans James Bond.
Nemo est une leçon de cinéma, avec ses clins d’œil à Shining, aux Oiseaux ou encore Abyss. Contrairement à un Tarantino, incapable d’inventer quoi que ce soit, le film de Pixar regorge d’idées à chaque plan. Visuelles ou sonores, elles font oublier l’irréalité des choses pour créer un monde qui se suffit à lui-même, qu’on imagine très bien continuer à vivre une fois les lumières du projecteur éteintes.
Il est dommage que le cinéma grand public doive aujourd’hui recevoir des leçons de l’animation, qui l’écrase chaque jour un peu plus grâce à sa créativité.