Et pour ce soir (le lendemain matin du soir, voyez !) :
Le Nom des Gens, 2010, de Michel Leclerc, avec le merveilleux duo Sara Forestier / Jacques Gamblin dans les rôles de Bahia Benmahmoud / Arthur Martin.
Synopsis engagé : Bahia Benmahmoud est la fille d'un immigré algérien arrivé illégalement en France après le meurtre de sa famille par l'armée française en Algérie durant la guerre. Arthur Martin est le fils d'une orpheline de parents juifs déportés et tués à Auschwitz. La première est aussi unique que son prénom et nom que le second est effacé et commun. Ses origines sont exhibés avec fiertés alors que le second les caches, perpétuant le tabou que ses parents ont toujours entretenues. Gauchiste de l'extrême, son truc est de coucher avec les gens de droites, les communautaristes, le patronnat, la bourgeoisie, bref tous ceux qui pensent autrement qu'elles pour les convertir, ceux qu'elles désignent comme les fachos. Alors quand elle rencontre Arthur Martin, qui a un pur nom de français, scientifique adepte au plus haut point du principe de précaution, il est forcément un peu facho. Sauf que les apparences sont trompeuses, et le discret Arthur Martin est pourtant un socialiste particulièrement rare déjà à cette époque, un jospiniste... Comme si quelque chose de plus profond les faisait s'attirer mutuellement.
Suite à un lobbying intense pour que je regarde ce film (au point où on me l'a même offert, ce lobbying de l'enfer !), j'ai fini par accepter. Bon, le film partait avec déjà un très bon point avec la présence de Jacques Gamblin, un acteur bien trop discret dans le cinéma français mais pourtant d'une simplicité magnifique (regardez Tenues Correct Exigés ou Le Premier Jour du Reste de ta Vie, vous verrez). Du coup, allons-y.
Et il faut reconnaître que le film a de nombreuse vertu. Bon, forcément, mon naturel gauchiste (ou gauchiasse selon les personnes) ne peut qu'apprécier le ton global du film, finalement bien plus fin que le postulat de Bahia ne le laisse supposer. Le début du film qui s'amuse justement sur le nom des gens (eh mais c'est le titre du film !) est proprement hilarant, surtout avec la simplicité de Jacques Gamblin a raconter son histoire.
Le duo Bahia/Arthur marche également du tonnerre, elle est une sorte d'incarnation du hasard où chaque sortie avec elle est totalement imprévisible, alors que lui est un homme qui marche sur des rails bien définis, sans écart. Cette extravagances qui fait exploser chaque certitudes n'est absolument pas original, mais elle fonctionne totalement dans ce film. Parce qu'en plus, le film est vraiment très drôle et ça, dans le cinéma français qui pu la merde avec les comédies (de droite) style Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?, c'est presque rare ! Alors oui, peut-être est-ce une vision bien plus subjective qu'à l'accoutumée, mais l'écriture et les personnages sont infinimement mieux écrite que dans toutes les comédies où Clavier est venu jouer (AKA prendre son chèque et faire le vieux con) et mieux réalisé et imaginé que n'importe quel film que Phillipe de Chauveron est venu réaliser (comprendre poser la caméra et se dire cinéaste comme le dit Karim Debbache alors qu'on filme comme un tâcheron sans imagination sa filmographie est très parlante à ce sujet).
Oui, le Nom des Gens est un film de gauche (genre beaucoup beaucoup, avec ce caméo de l'extrême qu'est Jospin qui vient se foutre de sa propre gueule), clairement, mais il est touchant, sincère(ment drôle) et superbement interprété. Et bien moins manichéen politiquement qu'il peut le faire penser dans ce synopsis. 8/10 sans hésiter. D'ailleurs, petite histoire, Libération a descendu le film alors que le Figaroscope au contraire l'a très bien noté... Comme quoi, parfois, on a des surprises