Le navet du lundi soir.

Le Pacha c’est un film franchouillard, au nom pompeux, et au contenu creux, qui ne brille ni par l’éclat, ni par le vernis. Comédie policière d’un vide sidérant. C’est le divertissement du lundi soir. Avec en tête d’affiche, deux monstres sacrés : Gabin, et Audiard. Gabin surnage sans forcer, il semble las de jouer tout le temps le même personnage, mais bon, il faut bien payer ses impôts. Il fait du Gabin. Le cinéaste n’a même pas besoin de le diriger, c’est une locomotive, Jean, même en roue libre, il n’a besoin de personne. Les autres c’est un peu plus dramatique. Alors, soit il n’y a que des mauvais acteurs dans ce film, soit Lautner ne sait pas diriger. Et son public se contentera de plans fixes. De décors fixes, de regards fixes. Jeu d’acteur, zéro. Une histoire qui ne ressemble à rien. On va se contenter de « gueules ». Un panaché des « sales » gueules, et seconds rôles du cinéma français d’après-guerre. André Pousse, Robert Dalban (belle mais courte confrontation avec Gabin), et quelques autres… De toute façon leurs noms ne vous diront rien, à moins d’être amateur averti. Par contre leurs têtes, elles, tout le monde s’en souvient. Et voilà Quinquin, le braqueur, celui qui de voyou devient serial tueur, et dessoude autant de gens à lui tout seul que John Rambo armé jusqu’aux dents. Quinquin a un flingue, et on aura compris que c’est le méchant. Gabin mène l’enquête sans trop y croire. Rencontre au sommet.

Gabin rencontre Gainsbourg. Rencontre au sommet. Donc pas que de deux monstres sacrés, il y en a trois d’un coup dans le film. Gabin, Audiard, et la musique de Gainsbourg. Le fameux requiem pour un con, écrit spécialement pour l’occasion. Gabin rencontre Gainsbourg. Culte! Courte mais culte. La police pénètre la salle de répétition. Un des musiciens n’est pas net. On l’embarque. Serge lui n’en a cure, et refait une prise : «…pour un con. Oué ! »

Les dialogues d’Audiard qui se suffisent à eux-mêmes. Exemple :
« Quand on mettra les cons sur orbite, t’a pas fini de tourner. » Punchline. Celle-là était donc dans Le Pacha. Et il y en a plein comme ça.
« J’évoque, je balance pas », dit la nana à monsieur le commissaire divisionnaire. Elle sait que dans le milieu, les balances finissent souvent au milieu d’un fleuve avec une grosse pierre autour du cou. Et Quinquin, au regard vide d’huître perlière, qui tue tout le monde. Pan ! Pan ! Le scénariste s’est pas foulé, le gars. J’ai faillit arrêter le film au bout de dix minutes, tellement c’est mal filmé, pas mis en scène, juste mis en images, la lumière banale, les acteurs mis à distance respectueuse. On dirait plus qu’ils regardent Gabin jouer au lieu de lui donner la réplique. Il n’a pas besoin d’autant de vide autour de lui pour briller, quand même! Bon. Audiard, Gabin, Gainsbourg... J’allais mettre 3, mais rien que pour le plaisir de les voir en scène, je mets 4. Voilà comment on passe de 3 à 4. En même temps, y’ a rien.