Ouaaah, la claque, quelle claque mes aïeux.


Je l'avais jamais vu ce film, et oui, on ne peut pas avoir tout vu, et bien ça me fait plaisir de me dire que malgré le temps que j'ai passé à regarder des trucs à la télé ou sur internet, je tombe encore sur de tels chefs d'oeuvre. Tout est millimétré, tout est au cordeau, du noir immaculé de chaque costard, du plan pour faire tomber untel ou untel, de la branche d'un olivier de la colline de Corleone, au regard du type qui s'enfuit au moment où la voiture d'Al Pacino explose.
Vu qu'au final tout le monde trahit tout le monde, ma, rien de personnel, c'est juste le business ! y a un moment ça commence à bien faire, le seul moyen de garder sa place c'est de buter tout le monde et de remettre les pendules à l'heure. J'ai bien aimé le côté féodal de la chose, au début, le mec énorme qu'est en panique à l'entrée de chez Don Corleone alors que la seule chose qu'il a à dire c'est merci de m'avoir invité au mariage de votre fille, je vous renouvelle mon soutien. Il panique tellement que tu te dis qu'il va lui arriver une merde. Et ben non, même pas. Et le personnage du frère adoptif blond, joué par Robert Duvall, le conseiller de la famille, le mec le plus intelligent, mais, pas assez couillu pour prendre la relève.
La transmission se fait par primogéniture agnatico-cognatique, c'est-à-dire c'est au premier-né mâle d'hériter du pouvoir quand le parrain meurt (d'où les paroles du gros costaud au début, j'espère qu'elle vous donnera un garçon), manque de bol quand l'ainé meurt, ça fait des embrouilles. Heureusement ici c'est le parrain qui choisit.
C'est l'évolution d'un homme aussi, Al Pacino. Qui n'a aucune envie de ressembler à son père et à ses frères, ne parle même pas bien italien, mais son amour pour sa famille le condamne au fur et à mesure à faire ce qu'il y a de mieux pour les siens, de se salir si besoin est. Et c'est là que le film est génial, il met à nu tous les petits arrangements que chacun prend pour se faire son blé et assurer des rapports fluides au sein de la société, surtout, ne pas faire de vagues. Al Pacino deviendra pareil que les autres, il n'a pas le choix. La figure du mafioso n'est qu'une image qu'agite Francis Ford Coppola pour mieux mettre en exergue les vices des politiciens et des hommes d'affaires autour desquels gravitent ses personnages. On peut les dénoncer, eux, ils tuent, rackettent et volent sans scrupule, alors que les mécanismes dont ils usent sont à peu près les mêmes utilisés par les puissants, parce que la triste vérité est que le crime rapporte.


Et tout le monde reçoit la bénédiction de son prêtre, peu importe sa religion, à la fin. Le paradis éternel, les oliviers, les roses et les rayons de soleil ? Pas de problème. On vous rajoute du poisson ?
Il sent un peu mais il est très bon.


Bref, un gros coup de coeur de cinéma, filmé comme jamais.

VincentJ
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le 15 juil. 2016

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VincentJ

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