Le Parrain - 3e Partie par Les Archives du Tutur

Ça y est, j'ai enfin clôturé la première trilogie de l'histoire à avoir été nominée trois fois à l'Oscar de meilleur film, celle qui remporta deux Oscar pour le même personnage, celui de Vito Corleone, pour les légendes Marlon Brando et Robert De Niro, et surtout un des piliers centraux du film de gangsters. J'en aurais mis du temps pour me décider à le regarder, mais je m'y suis finalement lancé, des étoiles pleins les yeux, ravi de retrouver mon méchant préféré de l'histoire du cinéma, Don Michael Corleone.
Dans ce troisième volet, Michael Corleone a fini d’ériger son immense empire et ne souhaite plus qu'une chose: faire sortir sa famille de l'illégalité. Après avoir créé une fondation humanitaire, il compte finir de se blanchir en devenant le propriétaire d'Imobiliare, la plus grande entreprise immobilière du monde, détenue par le Vatican. Cependant, les autres familles réclament leur part de l'empire de Michael, sa future acquisition attire des envieux et le Vatican et ce dernier est une vrai mafia organisée.
Alors on va évacuer de suite le point qui fâche : oui, Sofia Coppola joue très mal. C'est en effet le plus mauvais point du film. Elle ne dégage aucune émotion, ce qui rend plus faible certaines scènes, notamment le final. Mais je vais me faire l'avocat du diable, son personnage n'est pas non plus celui qui permettrait le mieux à une actrice de montrer l’étendue de son jeu. Voila, maintenant abordons le reste du film, et il se hisserait presque au niveau de ses légendaires prédécesseurs. Commençons par la musique, toujours similaire aux précédentes mais toujours aussi efficace, notamment grâce à l’utilisation de leitmotivs. Comme dans les anciens nous avons vu l'apparition des thèmes de Vito Corleone, de Michael Corleone ou encore de Kay Adams-Corleone, ici apparaissent ceux de Vincent Mancini et de Don Altobello, et leurs utilisations sont toujours aussi remarquables. Au niveau de l'image, Gordon Willis est toujours à la photographie et s'en sort toujours aussi bien. Délaissant l'image sépia, elle est ici plus ternie la plupart du temps, car le monde n'est plus celui de la mafia, mais le réel. Les seuls moments où cette sépia refait apparition sont ceux où l'éclairage l'apporte, scènes rappelant justement la mafia, et je pense ici notamment à la scène d'ouverture. Les acteurs sont toujours aussi excellent (Sophia Coppola non compris), même 25 ans après leurs dernières apparitions dans ses mêmes rôles. Al Pacino livre une performance toute en finesse dans la droite lignée de ses anciennes performances, alors qu'il s'était habitué à des performances poussées au surjeux. Mais l'excellente nouveauté qu'apporte ce film, presque du même niveau que l'apparition de Robert De Niro dans la deuxième partie, c'est Andy Garcia dans le rôle de Vincent Mancini. Son interprétation de petit gangster très intelligent et très ambitieux au caractère aussi calme mais imprévisible que son père est d'une justesse qui force le respect et apporte une fraicheur à ces Famille composées de vieux messieurs s'agrippant de toutes leurs forces à leurs postes. Le scénario de Francis Ford Coppola et Mario Puzo lui ne vieilli toujours pas et se renouvelle toujours. Après avoir présenté la mafia et montré la corruption gouvernementale dans les deux premières parties nous avons droit ici à celle régnant dans le commerce et la religion, également très liés à la mafia. En effet, la banque du Vatican a tellement de dettes qu'elle accepte de céder une de ses plus florissantes entreprises à la contre le remboursement de sa dette, mais a du mal à respecter ses accords. Cette représentation ne critique pas ce qu'est la religion, mais comment elle est utilisée. Le but des membres de l’Église a ici l'air d'être de se remplir les poches tout en faisant bonne figure auprès des fidèles. Au final, elle semble très similaire à la mafia, dont le but était à l'origine de protéger les plus faibles là où la police n'y peux rien. Dans les deux cas, nous sommes là pour vous aider, mais pour ça il va falloir payer le prix fort. Quand à la mise en scène, Coppola est toujours aussi génial. Le film enchaine les beaux moments, arrivant presque à nous faire oublier les atrocités de Michael, ne le présentant ici que comme un homme bon, généreux, qui tient à sa famille et qui regrette son passé, et nous avons presque pitié de lui dans les moments durs. Les images sont toujours parfaitement composées et superbement liées entre elles, créant quelques scènes géniales, que ce soit le totalement inattendu massacre ou le final qui est d'une rare beauté.
Alors certes il n'égale pas ses prédécesseurs, certes il a quelques défauts, mais une fois les classiques du film de gangster épuisé, il fait partie de l'excellence qui suit juste derrière. Personnellement, comme ses prédécesseurs, les plus de deux heures trente de durée sont passées très vite. A conseiller à tous fan de films de gangster.

Picou_Arthur
9
Écrit par

Créée

le 27 juin 2016

Critique lue 298 fois

1 commentaire

Critique lue 298 fois

1

D'autres avis sur Le Parrain - 3e Partie

Le Parrain - 3e Partie
Docteur_Jivago
8

Rideau

Seize années après le Parrain II, Francis Ford Coppola retrouve Mario Puzo pour conclure la saga de la famille Corleone et le destin de Michael, après que ce dernier ait éliminé ses ennemis et...

le 31 mai 2016

53 j'aime

Le Parrain - 3e Partie
Star-Lord09
10

Cavalleria rusticana ou La Chevalerie campagnarde. Opéra en un acte.

Effaçons de nos mémoires, le souvenir faussé de la supposée éloquence cinématographique du Parrain de Francis Ford Coppola. En cause, une autre trilogie plus récente signée d'un autre grand nom du...

le 12 juil. 2021

29 j'aime

18

Le Parrain - 3e Partie
Ugly
9

La mafia au Vatican

La trilogie est donc bouclée. 16 ans après le Parrain 2ème partie, Francis Coppola retrouve Michael Corleone vieillissant, affaibli, diabétique et repentant. Après avoir décrit la montée en puissance...

Par

le 6 févr. 2017

25 j'aime

9

Du même critique

American Sniper
Picou_Arthur
5

Presque dans le mille

Une seule récompense pour six nominations aux Oscars, "American Sniper" est un des grands perdants de cette 87ème cérémonie des Oscars aux cotés de "Boyhood" de Richard Lynklater, aux résultats...

le 13 mars 2015

1 j'aime

Charlie et la Chocolaterie
Picou_Arthur
6

Lorsque l'usine Burton tombe en panne

Voila un des films de mon enfance, mon premier Tim Burton et le premier film contenant Johnny Depp, et pour se souvenir du bon vieux temps, j'ai décidé de le revoir. Pour vous mettre dans mon...

le 29 janv. 2015

1 j'aime

Babel
Picou_Arthur
9

Si vous voulez entendre, il suffit d'écouter.

C'est en errant de manière hasardeuse au milieu d'une médiathèque que subitement mon œil est attiré sur une boite en premier plan d'une série de films. Brad Pitt étant un de mes acteurs préférés et...

le 25 janv. 2015

1 j'aime