Le Petit Soldat par Anna_M
Fougueux, orgueilleux, fier, silencieux, fin, sombre, poétique. Le petit soldat est un peu tout ça à la fois. Et puis c'est aussi l'incommunicabilité, le rapport de l'homme à sa propre image et sa propre voix, les réflexions sur la mort, les idéaux, la bipolarité du monde entre les vivants et les autres... Tant de problématiques évoquées par un très pédant Michel Subor (hyper classe en Bruno) et qui semblent tout droit inspirées de Malraux et sa Condition Humaine (dont on voit d'ailleurs la couverture apparaitre à un moment du film). Avec de telles inspirations, il en ressort comme souvent avec Godard un film très original aux allures introspectives, mais aussi très noir. On retrouve vraiment cette impression presque fouillie, que l'on est en train de divaguer avec Bruno, suivant le fil de sa pensée comme il peut nous arriver de suivre le fil de la notre, même si elle n'a ni queue ni tête. Et c'est assez plaisant. Anna Karina, elle, dégage toujours cette présence incroyable (surtout dans la scène de la séance photo) même si son rôle n'est pas vraiment pour me plaire -trop tu-. Et la fin, sous ses airs détachés, est comme d’accoutumée chez l'ami Jean-Luc, une fin difficile mais qui ouvre sur la liberté et laisse songeur. Un bon Godard, mais pas mon préféré.