En s'immergeant directement dans l'enfer du ghetto de Varsovie durant l'occupation nazi, Polanski offre un film temoignage boulversant et percutant. Boulversant par cette destinée hors du commun autour du personnage du pianiste , percutant par les images crues, inhumaines, et pourtant réelles qui nous sont soumises. En se contentant de livrer avec le moins d'artifice possible ce spectacle il parvient à capter le véritable univers atroce que fut la ghettoisation des juifs polonais par les nazis. On assiste donc à la construction progressive d'un lieu où l'homme perd sa qualité d'homme et est traité pire qu'un animal: même les animaux ne sont pas traités comme cela, même les animaux ne sont pas abbatus comme cela. Mais au delà de l'atrocité, on a aussi un combat. Un combat pour la survie, un combat pour l'espoir de vivre.

Ce combat est magnifiquement interprété par Adrian Brody qui opère au fur et à mesure du film des renversements extraordinaires dans son personnage. Au début un homme simple et pourtant considéré comme un génie, qui vit de sa musique. Puis très vite la guerre, il devient un homme qui a peur, pour lui et pour sa famille. Puis il devient un homme qui fuit, qui a eu la chance de survivre, de s'échapper, qui a trouvé des gens pour l'aider. Mais il est souvent très seul, il a faim, froid et il a peur il se cache. L'homme n'est presque plus un homme, c'est un animal, qui fuit les prédateurs, qui veut se nourrir. Il est sale, on ne le reconnaît presque plus, il faible, il peine à marcher, à parler: il perd presque toute son humanité, et on voit en Brody cette transformation progressive. Puis il y a cette scène, où cet homme désespéré joue du piano, par contrainte presque, peu à peu, il regagne ce génie età travers la mélodie on revoit en lui l'homme qu'il était, et parvient même à émouvoir ce SS, jusqu'alors l'image du Mal (alors que l'Histoire nous apprend que ce SS en particulier n'en était pas à son premier juif sauvé). Cela lui sauvera la vie. Comme dans la Liste de Schindler, ce film est l'illustration parfaite que c'est dans le noir le plus total que l'on peut voir briller la plus petite lumière.
LeJezza

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