Roman Polanski, avec cette superbe adaptation du roman autobiographique de Wladyslaw Szpilman, signe un film non seulement bouleversant mais empli d’une force historique remarquable. Il montre sans appuyer le trait la vie et l’évolution du ghetto de Varsovie, se contentant de présenter les faits sans porter un jugement.
Le manichéisme qui aurait pu tout emporter est souvent atténué par l’intelligence du ton employé. On a souvent affaire à des parties de vie quotidienne qui explique la montée en puissance des mesures anti-juives sans trop chercher à être moralisateur. Et cela n’en a que plus de force.
Le personnage titre est interprété avec beaucoup de justesse par Adrien Brody, qui tient là le rôle de sa vie. Tout d’abord pragmatique par rapport à la vie qui les attend, il devient de plus en plus observateur plutôt que victime, ayant très rapidement compris que tout acte de violence est un acte perdu d’avance. Il cherche plus les compromis que les compromissions, et lorsqu’il échappe au train pour la déportation, il est parfaitement conscient de l’ambivalence de son statut : il vient de perdre sa famille, et se voit condamner à errer.
Un très beau film justement récompensé.