A chlore perdu
Burt, 55 ans et bâti comme un demi-dieu grec, se balade en slip de bain moulant pendant tout le film (attention les filles, à un moment il l'enlève) . Et oui, un jour il a la fulgurante idée de...
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le 27 nov. 2010
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Je n'avais jamais entendu parler de ce film. Un cinéphile n'est pas parfait ! Merci Sens Critique de m'avoir permis de découvrir cette perle.
"Le plongeon" est un véritable chef d'oeuvre méconnu. Un très grand film américain, malgré le limogeage du réalisateur Frank Perry en cours de tournage, remplacé par le néanmoins talentueux Sydney Pollack. Toutefois le film ne souffre pas de cette double casquette.
La raison dû à un excellent scénario, à la prise de risque de Burt Lancaster, magnifique dans le rôle de Ned Merill, puis assurément au respect de Sydney Pollack pour le plan de travail et le découpage décidé par Frank Perry, véritable auteur du film.
Film puissant et atypique, il ne se place pas dans les canons habituels du cinéma hollywoodien. Perry était avant tout un documentariste reconnu et indépendant. Cela se ressent tant dans la forme que dans le fond. Il fait voler en éclat toutes nos illusions sur le fameux "rêve américain", dénonce les mensonges et les hypocrisies qui y président, loin de l'imagerie d'Épinal que les américains savent nous servir à tout bout de champs.
Le scénario progresse en fonction de l'odyssée folle et naïve de Ned Merill, qui dans un élan spontané, entreprend de rejoindre sa propriété "à la nage" de piscine en piscine, de voisins en voisins...
Dès le départ, on sent bien qu'il y a quelque chose qui cloche. " Un je ne sait quoi " dans le regard de Ned qui nous parle d'une fêlure dont on imagine qu'elle cache une douleur profonde...
Son odyssée personnelle est d'abord idyllique, les rencontres avec ses voisins sont plutôt amicales. Il fait également corps avec la nature qui l'entoure, comme s' il était dans une sorte de jardin d'Eden, où le temps reste suspendu. Perry casse les codes et innove dans sa mise en scène pour nous faire "ressentir" l'immersion de Ned: flots d'images et de sons qui nous "connecte" avec les sensations de ce dernier.
Puis il y a une première "rupture", avec Julie (Janet Landgard), jeune voisine qui l'accompagne un temps. Ned commence à se fissurer... on commence à comprendre que derrière les apparences, se dissimulent beaucoup de choses et que ceux qu'ils dit être ses ami (e) ne le sont pas vraiment.
L'odyssée devient un chemin de croix quasi christique, où chaque rencontres est une épreuve supplémentaire, de plus en plus agressives et violentes. Les ami (e) s sont devenu (e) s des ennemis.
La vérité lui saute à la gorge, l'enfer fait place à l'Eden. Les images sont plus sombres, Ned à froid, la nature semble, elle, aussi se retourner contre lui.
Sans révéler quoi que ce soit, on se rend compte alors que Ned est dans le déni total. Qu'il est prêt à tomber dans un abysse mental, à moins qu'il ne soit déjà dedans depuis le départ...
Un scénario d'une subtilité rare et dont on n'imagine absolument pas l'issue, bien que nous ayons tous les éléments disséminés à chaque étapes de l'odyssée ou chaque " station " du chemin de croix.
Burt Lancaster, bouleversant de bout en bout, prouve une fois de plus, que s' il reste un des plus grands acteurs du monde, c'est parce qu'il a toujours su incarner des personnages en dehors de tout stéréotypes, et qu'il se " contre foutais" de son image. Celui de Ned Merrill restera comme l'un de ses plus accompli.
A découvrir, séance tenante !
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le 26 août 2015
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