Pour un verre avec toi, je ferais n'importe quoi...

Un écrivain raté est dans la spirale de l'alcool depuis très, trop longtemps. Se sentant guéri après dix jours de sevrage, son amertume et sa solitude le font replonger dans la bouteille, quémandant à qui mieux un billet pour boire. Malgré l'attention que lui portent son frère et sa fiancée, ainsi que sa petite amie, son goût immodéré pour l'alcool vont lui faire passer le pire des week-ends.


Ce film marque une étape dans le cinéma pour la bonne raison qu'il montre l'alcoolisme non pas comme un élément comique dans ce que faisaient les Marx Brothers, mais comme une maladie grave, une addiction contre laquelle il est très difficile de combattre. Pour avoir vu et rencontré dans ma vie professionnelle des gens malades, ou qui ont vécu un delirium tremens, l'enfer que vit Ray Milland, prodigieux, est assez crédible, tuant (de manière symbolique) père et mère pour boire. Jusqu'à cette scène pathétique où, sans un sou, il tente de voler le sac d'une femme se trouvant près de lui pour se payer un verre de whisky.
Plus d'une fois, j'ai trouvé ça à la fois magnifique, dans cette mise en scène qui semble enfermer cet homme, qui aurait pourtant tout pour être heureux, dont une amie bienveillante (la douce Jane Wyman), mais dont la frustration de ne pas être ce qu'il est, à savoir un écrivain, le font plonger à chaque fois un peu plus. Et là, il va être confronté aux portes de la folie, voire de la mort, toujours à travers cette ambiance parfois suffocante, où Ray Milland semble être à la fois présent et absent, jusqu'à ce geste final.


Il va sans dire que le poison est un film extraordinaire, d'une grande crudité, très juste, et frontal sur les ravages de l'alcool, qui provoquera bien des sueurs froides à la Paramount, effrayé par un sujet si grave, et qui sera un triomphe, remportant également une Palme d'Or et l'Oscar du meilleur film.
Billy Wilder réalise là un chef d'oeuvre du genre, qui fait réfléchir sur la noirceur de l'âme humaine, servi par des acteurs prodigieux. Et qui me fait dire que j'ai bien fait de n'avoir jamais touché à un verre...

Boubakar
9
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le 31 juil. 2020

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Boubakar

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